Référence bibliographique [20383]
Courtemanche, Stéphanie. 2017. «Étude comparative sur les manifestations du genre dans les crimes d’empoisonnement au Québec à la fin du XIXe siècle». Mémoire de maîtrise, Montréal, Université de Montréal, Département d’histoire.
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Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
«L’étude proposée explore le lien qui s’établit entre le sexe de la personne criminelle, son genre et le moyen de perpétration de son acte meurtrier par l’analyse des procès pour empoisonnement répertoriés au Québec pour la période allant de 1867 à 1900. [Cette recherche] parcourt les manifestations du genre dans les méthodes criminelles employées par les accusé-e-s ainsi que dans les discours produits à leur endroit tout au long du processus judiciaire.» (p. i)
Questions/Hypothèses :
L’auteure formule «l’hypothèse selon laquelle l’homme empoisonneur serait plus sévèrement jugé que son homologue féminin face aux instances de régulations sociales, formatrices et diffuseuses des normes sexuelles socialement acceptables et valorisées ; dans ce cas-ci, les cours de justice criminelles.» (p. 93)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
«Dans le dernier tiers du XIXe siècle au Québec, 6 causes pour empoisonnement furent menées et jugées en cour de justice criminelle, c’est-à-dire à la Cour du Banc de la Reine. […] Nous présentons ici en ordre chronologique les cas à l’étude.» (p. 23) Cette recherche s’appuie majoritairement sur des archives judiciaires. Le Fonds du ministère de la Justice, conservé dans les archives nationales d’Ottawa, a notamment été utilisé. L’auteure a également sondé les centres d’archives régionaux de Rimouski, Québec et Montréal, et repéré certains textes provenant entre autres des quotidiens Le Canadien, le Courrier de Rimouski, ou de la Gazette de Sorel.
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
Réflexion critique
3. Résumé
«Cette analyse des causes d’empoisonnement, répertoriées […] au Québec à la fin du XIXe siècle, révèle avant tout l’impact du genre en matière criminelle.» (p. 91) Les résultats montrent «qu’on ne juge pas tant le crime que le criminel […]» (p. 93) et que dans un tel contexte, les «femmes sont également jugées selon leur réputation. [Ainsi, les] femmes criminelles ont effectivement à l’occasion “bénéficié” des stéréotypes de genre […] lorsqu’elles étaient mères de famille au nom du besoin que leurs enfants ont de leur mère.» (p. 94) Concernant le jugement des hommes, les résultats révèlent que la «famille tentera de défendre jusqu’au bout l’honneur de ce père (de ce fils, de cet époux) […] puisque son rôle s’insère dans une perspective beaucoup plus large, c’est-à-dire dans une perspective collective.» (p. 71) l’auteure illustre également qu’une femme, «lorsqu’elle empoisonne un homme, le fait à l’aide d’un complice masculin qui est, la majeure partie du temps, son amant. Lorsqu’un homme empoisonne une femme, c’est dans tous les cas son épouse. Cette dernière est prisonnière du domicile familial, ce qui l’a [sic] rend vulnérable. Il apparaît qu’il est, par conséquent, plus aisé pour un homme de se débarrasser de son épouse que l’inverse. Lorsqu’une femme empoisonne une autre personne que son mari […] elle commet son crime dans l’environnement qu’elle connaît et qu’elle maîtrise le mieux, c’est-à-dire le domicile familial […].» (p. 65-66)