Référence bibliographique [6882]
Turcotte, Yvan. 1998. «L’empathie des pères incestueux et des mères non abuseures : impact de la présence d’une histoire d’abus sexuel au cours de leur enfance». Mémoire de maîtrise, Trois-Rivières, Québec, Université du Québec à Trois-Rivières, Département de psychologie.
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Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
Première étude :
« L’objectif premier de la première étude est d’examiner la nature des liens entre la présence d’une histoire d’abus sexuel durant l’enfance et la capacité d’empathie émotionnelle chez les pères incestueux et les mères (non abuseures) d’enfants abusés sexuellement. [...] Deuxièmement, les relations à long terme entre l’abus sexuel subi durant l’enfance, la personnalité et les symptômes psychologiques seront examinées. [...] Troisièmement, puisque le manque d’empathie est souvent impliqué dans plusieurs désordres psychiatriques, il convient d’évaluer si les niveaux d’empathie émotionnelle des parents de familles incestueuses seront reliés à des variables spécifiques de la personnalité et de santé mentale. » (p. 38)
Deuxième étude :
« Premièrement, les liens entre les diverses dimensions de l’empathie et la présence d’abus sexuel subi durant l’enfance seront évalués. [...] Le deuxième objejctif vise à vérifier la nature des liens entre l’abus sexuel subi durant l’enfance et les variables de la personnalité. [...] Le troisième objectif est d’explorer la nature des relations entre les sous-échelles d’empathie cognitive et émotionnelle et les variables de personnalité et de symptômes psychologiques. » (p. 63)
Questions/Hypothèses :
Première étude :
« 1- Les personnes (hommes incestueux et mères de victimes) abusées sexuellement à l’enfance auront des scores d’empathie émotionnelle plus faibles que les personnes n’ayant pas été abusées. [...];
2- Les individus ayant été abusés sexuellement durant leur enfance présenteront des niveaux plus élevés de névrotismes et de symptômes psychologiques (dépression, anxiété, problèmes cognitifs et agressivité), mais de plus faibles cotes d’estime de soi et d’extraversion que ceux n’ayant pas été abusés sexuellement. [...];
3- L’empathie émotionnelle sera corrélée positivement au névrotisme, à l’anxiété et à l’amabilité. Elle sera aussi corrélée négativement à l’extraversion et à l’hostilité. » (p. 39)
Deuxième étude :
« 1- Les hommes abuseurs et les mères de victimes, ayant déjà été abusés sexuellement durant l’enfance présenteront de plus fortes cotes d’empathie émotionnelle [...] que les individus n’ayant pas été abusés sexuellement durant l’enfance. Par contre, les personnes ayant déjà été abusées dans leur enfance démontreront une plus faible capacité d’empathie cognitive (adaptation contextuelle) que celles n’ayant pas été abusées. [...];
2- Les personnes abusées sexuellement durant l’enfance présenteront davantage de névrotisme, de symptômes psychologiques (cote globale), d’anxiété et de problèmes cognitifs que celles n’ayant pas été abusées. Par contre, les personnes abusées durant l’enfance présenteront moins d’estime de soi que celles n’ayant pas été abusées. [...];
3- Les sous-échelles de fantaisie et de détresse personnelle de l’empathie émotionnelle seront corrélées significativement et positivement au névrotisme, aux symptômes psychologiques, à la dépression, à l’anxiété, aux troubles cognitifs et à l’hostilité;
4- Le névrotisme, l’anxiété et l’abus sexuel subi durant l’enfance prédiront positivement les dimensions émotionnelles (fantaisie et détresse personnelle). La conscience (sens moral), l’estime de soi et l’extraversion prédiront négativement ces dimensions. Des résultats inverses sont attendus concernant l’adaptation contextuelle. » (p. 63)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
Première étude :
« L’échantillon a été recruté au sein d’un Programme d’évaluation et de traitement des abus sexuels intra-familiaux (PÉTAS) offert par les centre jeunesse Mauricie-Bois-Francs. Il se compose de 35 abuseurs sexuels intra-familiaux et de 25 mères de victimes d’abus sexuels. [...] Il existe 15 couples parmi ces 60 personnes. En ce qui a trait aux hommes, 47% ont été abusés sexuellement durant l’enfance [...] tandis que 36% des femmes ont été abusées sexuellement. » (p. 41)
Deuxième étude :
« L’échantillon est composé de 31 pères incestueux et de 92 mères de victimes d’abus sexuel. » (p. 67)
Instruments :
- Questionnaire d’empathie émotionnelles, traduction du Questionnaire Measure of Emotional Empathy (QMEE; Mehrabian et Epstein, 1972) (Étude 1);
- Inventaire de la personnalité NEO (Costa et McCrae, 1985), version abrégée traduite par Sabourin et Lussier (1991) (Études 1 et 2);
- Index des symptômes psychologiques (ISP; Ilfeld, 1976), version abrégée et adaptée (Derogatis, Lipman, Uhlenhuth et Covi, 1974) (Études 1 et 2);
- Échelle d’estime de soi (Rosenberg, 1965), traduite par Vallière et Vallerant (1990) (Études 1 et 2);
- Questionnaire d’empathie (Davis, 1980), traduit et adapté (Lussier, 1996) (Étude 2).
Type de traitement des données :
Analyse statistique
3. Résumé
« Les deux études présentées dans le cadre de ce mémoire examinent les relations entre différentes dimensions de l’empathie de parents de famille incestueuse et l’abus sexuel subi durant l’enfance. La première étude se penche sur l’empathie émotionnelle, les dimensions de la personnalité et les symptômes psychologiques de 30 abuseurs sexuels intra-familiaux et de 20 mères de victimes d’abus sexuels. Les résultats démontrent que les hommes incestueux qui ont été abusés sexuellement pendant l’enfance possèdent une plus grande capacité d’empathie émotionnelle que les hommes abuseurs n’ayant pas subi d’abus sexuels au cours de l’enfance. Aussi, les personnes (hommes et femmes) abusées sexuellement durant l’enfance démontrent davantage de névrotisme, d’anxiété et de troubles cognitifs. Ces résultats ont conduit à la réalisation d’une deuxième étude auprès de 91 mères de victimes d’inceste et de 29 hommes incestueux afin d’examiner si les différentes dimensions de l’empathie cognitive et émotionnelle (Davis, 1983a), les dimensions de la personnalité et les symptômes psychologiques étaient reliés à l’abus sexuel subi durant l’enfance. Les résultats suggèrent qu’aucune des quatre dimensions de l’empathie ne varie en fonction de l’abus sexuel subi durant l’enfance. Par contre, les personnes abusées sexuellement durant l’enfance démontrent moins d’amabilité et d’estime de soi que celles n’ayant pas subi l’abus sexuel. Par ailleurs, l’échelle d’empathie cognitive est liée positivement aux variables d’ouverture, de conscience et d’estime de soi, alors qu’elle est reliée négativement aux symptômes psychologiques. Des corrélations inverses à celles-ci sont produites pour les dimensions de l’empathie émotionnelle (souci empathique, fantaisie et détresse personnelle). Des éléments d’explication, des avenues de recherche et des implications thérapeutiques sont proposés. » (p. ii)