Référence bibliographique [5397]
Depocas, Brigitte. 2002. «Vérification empirique du cycle de l’abusé-abuseur chez une population de pédophiles». Thèse de doctorat, Montréal, Université de Montréal, Département de psychologie.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« Les objectifs de l’étude sont d’observer si les pédophiles victimes et non-victimes d’abus sexuels présentent différentes réponses érectiles aux bandes sonores ’déviantes’ et ’victimes’, de distinguer chez la population de pédophiles victimes les corollaires de l’abus sexuel qui ont un influence sur l’amplitude érectile ainsi que d’observer les réactions érectiles des pédophiles vis-à-vis de scénarios ressemblant à leur propre abus lors de l’écoute des bandes sonores ’victimes’. De même, l’étude veut vérifier si le sexe de l’agresseur a une influence sur l’attirance sexuelle déviante du pédophile et détecter la présence de symptômes dus à un état de stress post-traumatique. » (pp. II-III)
Questions/Hypothèses :
« 1) Comparer les résultats de l’évaluation phallométrique entre les pédophiles abusés et non-abusés lors de l’écoute des bandes sonores ’victimes’.
2) Identifier les corollaires de l’abus sexuel (fréquence et durée de l’abus, âge de la victime au début de l’abus, sexe de l’agresseur et nombre d’agresseurs) ayant une influence sur les réactions érectiles à l’écoute des bandes sonores ’victimes’ chez les pédophiles victimes.
3) Vérifier si le sexe de l’agresseur a une influence sur l’orientation sexuelle du pédophile ayant été abusé à l’âge mineur.
4) Mesurer l’intensité de la réponse érectile lors de l’écoute de bandes sonores ’victimes’ décrivant des situations parallèles à la victimisation en bas âge des pédophiles. Le corollaire de l’abus sexuel tel que les moyens employés pour faire participer la victime à l’abus (manipulation ou force physique exercée sur la victime) est la variable permettant d’atteindre cet objectif.
5) Observer l’amplitude des réactions érectiles des pédophiles abusés et non-abusés lors de l’écoute des bandes sonores ’déviantes’.
6) Explorer la présence de symptômes de stress post-traumatique dus à un abus sexuel pédophiles abusés et non-abusés. » (p. 46)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
52 pédophiles
Instruments :
- Questionnaire sur l’exposition à l’abus sexuel (Ryan, Rodriguez, Rowan et Foy, 1992)
- Trauma Symptom Checklist-40 (Elliot et Brière, 1992)
- Grille d’évaluation physiologique
Type de traitement des données :
Analyse statistique et analyse de contenu
3. Résumé
« La théorie du cycle de l’abusé-abuseur postule que les hommes ayant été abusés sexuellement lors de leur enfance pourraient développer un intérêt sexuel déviant envers des enfants à l’âge adulte (Garland et Dougher, 1990; Dhaliwal, Gauzas, Antonowicz et Ross, 1996). Il semblerait que les corollaires de l’abus sexuel (durée, fréquence de l’abus…) apporteraient aussi des explications quant à l’étiologie de la pédophilie (Garland et Dougher, 1990). De plus, certains pédophiles présentent une réaction pénienne, démontrée par le pléthysmographe, lorsqu’ils se remémorent leur propre situation d’abus sexuel (Freeman-Longo, 1986) et plusieurs de leurs fantasmes déviants sont renforcés à partir de certains détails de leur propre victimisation (Freeman-Longo, 1986; Groth, 1979). Malgré ces observations intéressantes, la théorie du cycle de l’abusé-abuseur n’a jamais été démontrée empiriquement. Sa validité s’appuie sur l’observation clinique et sur des études de prévalence démontrant qu’un pourcentage important de pédophiles ont été victimes d’abus sexuels. Par conséquent, cette étude se veut être une recherche exploratoire qui consiste à vérifier empiriquement la théorie du cycle de l’abusé-abuseur. L’étude fut réalisée auprès de 52 pédophiles départagés en quatre groupes (18 pédophiles hétérosexuels victimes, 14 pédophiles hétérosexuels non-victimes, 15 pédophiles homosexuels victimes et 5 pédophiles homosexuels non-victimes). La collecte des données fut réalisée au Centre d’Étude et de Recherche de l’Université de Montréal (C.E.R.U.M.) et à la Clinique La Macaza. L’expérimentation se déroula en trois étapes. En premier lieu, un questionnaire évaluant les corollaires de l’abus sexuel ainsi que les symptômes dus à un état de stress post-traumatique furent soumis aux sujets. En deuxième lieu, une évaluation physiologique mesurait les réponses érectiles des sujets lors de l’écoute de stimuli auditifs évaluant la présence d’intérêts sexuels déviants, appelés pour les besoins de cette étude, bandes auditives ’déviantes’. En troisième lieu, une seconde mesure phallométrique fut effectuée avec des bandes sonores décrivant l’abus perçu par la victime, intitulées bandes auditives ’victimes’. » (p. II)