Référence bibliographique [4505]
Tremblay, Diane-Gabrielle. 2003. Le télétravail : ses impacts sur l’organisation du travail des femmes et la conciliation emploi-famille. Montréal: Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l’économie du savoir, Direction de la recherche, Télé-Université.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« [...] nous souhaitions savoir si les hommes et les femmes voient dans le télétravail les mêmes avantages ou si, comme le postulent certains auteurs (voir Felstead et Jewson, 2000; Duxbury, 1998, ou Tremblay 2001, à ce sujet), la conciliation emploi-famille pouvait constituer un motif important incitant les femmes à faire du télétravail, alors que les hommes y verraient d’autres types d’avantages. » (3)
Questions/Hypothèses :
« Nous posions comme hypothèse que ces caractéristiques de l’organisation du travail et des tâches seraient différenciées selon le sexe (Tremblay et De Sève, 1996; Tremblay, 1995). » (3)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
216 télétravailleurs
Instruments :
Questionnaire
Type de traitement des données :
Analyse statistique
3. Résumé
« Nous avons pu constater que les femmes se retrouvent davantage dans les tâches de comptabilité, de traduction et de secrétariat, alors que les hommes font des tâches de conception ou tests de logiciels et de sites web, ainsi que de dessin commercial et d’infographie. Les femmes occupent plus souvent des postes d’employées de bureau, alors que les hommes occupent davantage des postes de cadres et gestionnaires, les postes professionnels étant plus mixtes.
Plus de la moitié des hommes ont pris seuls la décision de télétravailler, alors que les deux tiers des femmes ont dû obtenir l’accord du supérieur, et elles représentent les deux tiers des télétravailleurs travaillant à plein temps à domicile. Les télétravailleurs salariés à domicile à plein temps sont d’ailleurs dans 45 % des cas des employées de bureau. Ainsi, deux grands groupes se dégagent dans le portrait des télétravailleurs. On retrouve d’une part, des cadres et gestionnaires, plus souvent masculins, qui ont pris eux-mêmes la décision de faire du télétravail, généralement un jour par semaine, en vue d’être plus productifs. On retrouve d’autre part des employées de bureau, des femmes, qui ont pris la décision de télétravailler en obtenant l’accord de leur supérieur, dont 40 % travaillent toujours à domicile, le plus souvent à des tâches de secrétariat, de comptabilité et de traitement de textes.
Nous avons donc observé une différenciation dans la prise de décision, comme dans le temps passé à domicile, ce qui traduit une segmentation du télétravail selon le sexe. Ceci constitue une observation intéressante puisque les écrits sur les nouvelles formes d’organisation du travail laissent souvent entendre que les différences selon le sexe s’estompent dans les nouveaux secteurs d’activité (informatique, web, par exemple), ou encore qu’elles disparaissent lorsqu’on introduit de nouvelles formes d’organisation du travail. Peu d’études sur le télétravail ont abordé cette dimension, car plusieurs ne portent que sur une catégorie professionnelle donnée ou alors une seule entreprise, et la dimension sexuée est rarement prise en compte.
Aussi, nous concluons que notre première hypothèse, soit une différenciation selon le sexe dans l’autonomie et les tâches réalisées en télétravail, se trouve confirmée. Par contre, en ce qui concerne les avantages et inconvénients que les hommes et les femmes voient dans le télétravail, il n’y a pas de différences significatives. On note toutefois que les femmes, plus souvent que les hommes à temps plein à la maison, sont un peu plus nombreuses à considérer que l’absence de collègues est le premier inconvénient. Par ailleurs, contrairement à ce qu’indiquent certains écrits associant le télétravail et la conciliation emploi-famille, ce n’est pas l’avantage premier qu’y voient les télétravailleurs, même si la flexibilité des horaires et la réduction des temps de déplacement peuvent y contribuer. » (23)