Référence bibliographique [4832]
Giroux, Mélissa. 2003. «Le quotidien et les moyens d’améliorer les conditions de vie des femmes à faible revenu vivant en banlieue : le cas de Laval». Rapport de Stage, Montréal, Institut national de la recherche scientifique - Centre Urbanisation Culture Société.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« Cette recherche est une occasion idéale de mieux saisir la situation des personnes à faible revenu, plus particulièrement des femmes, dans une banlieue. De plus, Laval, n’a pas vraiment été l’objet de recherches en ce qui à trait à la situation des personnes à faible revenu. Les recherches à ce sujet traitent surtout des quartiers centraux et des grands villes centrales. Aussi, l’occasion se présente d’approfondir les connaissances au sujet des jeunes mères monoparentales vivant en banlieue, mais sans doute encore plus en ce qui concerne les femmes de 50 à 64 ans qui ont été laissées de côté par les chercheurs dans les dernières années. Ces deux groupes vivent des situations particulières qui nécessitent une investigation. » (p. 26)
Questions/Hypothèses :
« Ainsi à travers cette recherche, nous aurons l’occasion de répondre à différentes interrogations pertinentes à notre sujet. Par exemple, quels facteurs ont contribué selon ces femmes à la situation de faible revenu qu’elles vivent actuellement? Nous pouvons voir si les facteurs tels la séparation d’un conjoint ou la perte d’un emploi, qui sont présents dans la littérature, sont repris par les femmes de notre échantillon qualitatif. Nous aurons également l’occasion de nous demander si ces femmes se sentent isolées, car la littérature propose que les personnes à faible revenu sont souvent isolées socialement. Nous pourrons investiguer des questions fondamentales tel que : Quelles sont les stratégies de survie de ces femmes? Selon les femmes, quels sont les moyens qui seraient susceptibles d’améliorer leur situation? Il est probable que ces femmes aient des stratégies intéressantes et qu’elles pensent à des moyens pertinents qui pourraient aider d’autres femmes comme elles. Finalement, une des grandes interrogations que nous permettra d’aborder cette recherche est : Quelle est l’influence du milieu suburbain dans les conditions de vie de ces femmes? Nous soupçonnons qu’il y a des difficultés d’accès aux services ou de déplacement, mais est-ce bien le cas? » (pp. 26-27)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
40 femmes (20 jeunes mères et 20 femmes de 50 à 64 ans)
Instruments :
Guide d’entretien individuel et de groupe
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
3. Résumé
« La pauvreté en banlieue est un phénomène peu étudié par les chercheurs en études urbaines, bien qu’elle y soit présente et qu’elle y affecte plusieurs groupes de la population. À Laval, une banlieue située au nord de Montréal, les femmes sont, comme partout au monde, plus nombreuses à vivre avec un faible revenu. Ce rapport fait état d’une recherche exploratoire qui s’intéresse plus particulièrement aux jeunes mères chefs de familles monoparentales ainsi qu’aux femmes de 50 ans à 64 ans vivant de l’aide sociale. Elle aborde leurs conditions de vie et les moyens qu’elles envisagent pour améliorer leur situation. Nous avons également prêté une attention particulière à l’influence du milieu, la banlieue, sur le quotidien de ces femmes. En effet, Laval est une banlieue typiquement nord-américaine où le cadre urbain n’a pas su suivre les changements socio-économiques de sa population.
À l’aide d’une revue de la documentation nous avons eu l’occasion de dresser le portrait des femmes étudiées et de mieux comprendre leur situation difficile. Cette revue nous a aussi outillé de façon à entreprendre une étude de terrain qui refléterait le plus possible la réalité des groupes de femmes étudiés. Nous avons procédé à des entrevues d’informateurs clés pour ensuite effectuer une série d’entrevues de groupe avec des Lavalloises à faible revenu. L’analyse de ces rencontres nous a fait entrevoir les problèmes, les idées et les sentiments des jeunes mères et des femmes d’âge moyen. Elle nous a également renseigné sur l’influence de la banlieue sur leurs conditions de vie.
Ainsi, nous avons appris qu’elles considèrent que la sécurité du revenu offre une aide financière insuffisante, mais qu’elle a, malgré tout, certains avantages. Les femmes nous ont aussi expliqué leur impression de contrôle et de surveillance qu’elles ressentent face au gouvernement. Leurs propos ont, également, reflété leur grande difficulté d’accès aux services de proximité qu’elles doivent fréquenter régulièrement tels les épiceries, les centres de santé, les pharmacies et les organismes communautaires. Nous verrons que ces difficultés, entre autres, causées par un accès problématique au transport en commun de par son fonctionnement et son coût trop élevé, mais aussi par le manque d’alternative en matière de déplacement de ces femmes. En banlieue, les distances entre les résidences et les secteurs de services sont trop grandes pour être parcourues à pied et le faible revenu ne permet pas l’achat et l’entretien d’une voiture.
Les femmes nous ont aussi fait part de leurs difficultés à se loger, de la mauvaise qualité des logements qu’elles habitent et de l’influence du coût de leur logement sur leurs conditions de vie. Elles nous ont également entretenu de leurs impressions sur la formation et le retour sur le marché du travail. Ainsi, nous avons constaté des divergences d’opinion au sein des femmes d’âge moyen qui sont partagées dans leur intérêt pour les études et pour le travail rénuméré, alors que les jeunes mères, quant à elles, désirent en majorité poursuivre leurs études pour accéder à un emploi qui leur permettra de quitter l’aide sociale. Finalement, nous avons pu constater que la privation est une des principales stratégies de survie de ces femmes, car elles ne peuvent se permettre de combler tous leurs besoins. Cette recherche met donc en lumière la pauvreté relative des Lavalloises à faible revenu, mais également, leur pauvreté absolue.
En conclusion, nous esquissons quelques recommandations découlant de notre analyse des témoignages des femmes rencontrées. Ces dernières visent surtout à permettre aux femmes d’améliorer leurs conditions de vie en palliant à certaines de leurs difficultés quotidiennes tel la solitude ou la difficulté à s’approvisionner en nourriture de qualité. » (pp. i-ii)