Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« L’objet principal de cette thèse est double. Le premier est de circonscrire globalement les connaissances théoriques, conceptuelles, empiriques et historiques reliées au domaine de l’attachement chez l’adulte en mettant l’emphase sur le contexte particulier des relations amoureuses. Cette revue de la littérature reliée au domaine de l’attachement fournit le cadre théorique ou contexte global permettant de réaliser un second objectif, soit celui de vérifier empiriquement, sur un échantillon de population déterminé, quelques hypothèses concernant a) les effets de la mort d’un parent au cours de l’enfance ou de l’adolescence (16 ans et moins) sur la qualité de l’attachement amoureux de l’adulte et b) diverses autres hypothèses concernant les rapports entre, d’une part, la qualité de l’attachement amoureux chez l’adulte et, d’autre part, divers traits de la personnalité et la stabilité des liens conjugaux. Finalement, comme retombée indirecte des objectifs premiers, cette recherche présente une traduction et validation française du récent questionnaire anglophone de Brennan, Clark et Shaver (1998) évaluant l’attachement amoureux chez l’adulte. » (p. 6)
Questions/Hypothèses :
Article 3 :
« Hypothèse Première.
L’étude repose sur l’hypothèse première à l’effet que le décès d’un parent au cours de l’enfance entraîne le développement d’une personnalité plus insécure en matière de relations amoureuses. Elle s’énonce ainsi: Les individus qui ont vécu la mort d’un parent au cours de leurs enfances ou de leurs adolescences (16 ans et moins) manifestent un degré d’attachement amoureux plus insécure (sur les instruments de mesure de l’attachement) que les individus qui ne vivent pas un tel événement.
Hypothèse Secondaire. Elle est à l’effet que les individus qui subissent une perte parentale au cours de leurs enfances [sic.] manifestent plus tard un style d’attachement amoureux plus « anxieux » ou « évitant ». Elle s’énonce ainsi :
A) le groupe des individus ayant vécu un décès parental au cours de l’enfance (16 ans et moins) perçoit son attitude d’attachement auprès du partenaire comme étant plus anxieuse, c’est-à-dire qu’il manifestera sur l’instrument de mesure de Brennan, Clark et Shaver (1998) ou de Simpson (1990) un degré d’anxiété plus élevé sur l’échelle « anxiété » que celui du groupe des individus n’ayant jamais vécu une telle perte;
ou
B) le groupe des individus ayant vécu un décès parental au cours de l’enfance (16 ans et moins) perçoit son attitude d’attachement auprès du partenaire comme étant plus évitante, c’est-à-dire qu’il manifestera sur l’instrument de mesure de Brennan et al. (1998) ou de Simpson (1990) un degré d’évitement plus élevé sur l’échelle «évitement» que celui du groupe des individus n’ayant jamais vécu une telle perte. » (p. 92)
Article 4 :
« Hypothèse 1. Les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes négative (groupe 1: les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant fortement anxieuse [le style préoccupé ou le style évitant-craintif] ), manifestent un niveau d’estime de soi (sur l’Échelle d’Estime de Soi de Rosenberg) plus faible que les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes positive (groupe 2 : les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant faiblement anxieuse [le style sécure ou le style évitant-détaché] ).
Hypothèse 2. Les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes négative (groupe 1: les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant fortement anxieuse [le style préoccupé ou le style évitant-craintif] ), manifestent un indice dépressif plus élevé (sur l’Inventaire de dépression de Beck) que les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes positive (groupe 2 : les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant faiblement anxieuse [le style sécure ou le style évitant-détaché] ).
Hypothèse 3. Les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes négative (groupe 1: les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant fortement anxieuse [le style préoccupé ou le style évitant-craintif] ), manifestent un taux d’anxiété plus élevé (sur l’Inventaire d’Anxiété Situationnelle et de Trait d’Anxiété) que les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes positive (groupe 2 : les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant faiblement anxieuse [le style sécure ou le style évitant-détaché] ).
Hypothèse 4. Les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes ou des autres négative (groupe 3 : les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant insécure, c’est-à-dire avec un degré d’anxiété au dessus de la moyenne ou avec un degré d’évitement au dessus de la moyenne [les styles d’attachement préoccupé ou évitant-détaché ou évitant-craintif] ), ressentent plus d’insatisfaction conjugale (ajustement dyadique pauvre) sur l’Échelle d’Ajustement Dyadique que les personnes qui ont une perception d’elles-mêmes et des autres positive (groupe 4 : les individus qui perçoivent leur attitude d’attachement amoureux comme étant sécure, c’est-à-dire avec un faible degré d’anxiété et un faible degré d’évitement sur les dimensions de l’attachement). » (pp. 149-150)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
126 personnes entre 18 et 64 ans
Instruments :
Article 3 :
- la Mesure de l’attachement amoureux de Hazan et Shaven (1987, 1990)
- la Mesure auto-évaluative de l’attachemement amical/amoureux (Bartholomew & Horowitz, 1991)
- le Questionnaire auto-évaluatif à mesure continue (Simpson, 1990)
- le Questionnaire auto-évaluatif à mesure continue de l’attachement amoureux (Brennan, Clarck & Shaver, 1998)
- l’Instrument mesurant les liens d’attachement avec les parents (Parker, Tupling & Brown, 1979)
- l’Instrument sur la résolution du deuil
- l’Échelle d’ajustement dyadique (version québécoise; Baillargeon, Dubois & Martineau, 1986)
Article 4 :
- le Questionnaire auto-évaluatif à mesure continue (Simpson, 1990)
- le Questionnaire auto-évaluatif à mesure continue de l’attachement amoureux (Brennan, Clarck & Shaver, 1998)
- l’Échelle de l’estime de soi de Rosenberg (version québécoise, Vallières & Vallerand, 1990)
- l’Inventaire de dépression de Beck (version française; Gauthier, Morin, Thériault, Lawson, 1982)
- l’Inventaire d’anxiété situationnelle et de trait d’anxiété (IASTA-Y; version française, Gauthier & Bouchard, 1993)
- l’Échelle d’ajustement dyadique (version québécoise; Baillargeon, Dubois & Martineau, 1986)
Type de traitement des données :
Analyse statistique
3. Résumé
« Cette thèse de doctorat porte sur la nature de l’attachement adulte, tout particulièrement dans le contexte des relations amoureuses. Son objectif est double. Le premier est de produire un survol des connaissances conceptuelles, empiriques et historiques reliées au domaine de l’attachement chez l’adulte en mettant l’emphase sur le contexte particulier des relations amoureuses. [...]
Le contenu de la thèse se présente sous la forme de cinq articles rédigés selon les normes de l’American Psychological Association (APA, 1994). Chaque article est destiné à une publication individuelle et forme en conséquence un ensemble distinct pouvant être abordé de façon indépendante.
Les deux premiers articles exposent l’historique de la théorie de l’attachement et de son développement. Le premier concerne l’attachement chez l’adulte, le second examine le phénomène dans le contexte particulier des relations amoureuses.
Les troisième et quatrième articles constituent le cœur de la thèse. L’objet du troisième est de vérifier empiriquement certaines hypothèses relatives aux effets de la mort d’un parent au cours de l’enfance ou de l’adolescence (16 ans et moins) sur la qualité de l’attachement amoureux chez l’adulte. Il vérifie principalement l’hypothèse à l’effet que le décès d’un parent à l’enfance ou l’adolescence (16 ans et moins) puisse entraîner, ou plutôt, puisse être associé à un développement d’une personnalité plus insécure en matière d’attachement amoureux. Les résultats obtenus confirment l’existence d’une relation entre le fait d’avoir vécu un décès parental au cours de l’enfance ou de l’adolescence (16 ans et moins) et la qualité de l’attachement amoureux manifestée à l’âge adulte.
Le quatrième article avance et vérifie empiriquement certaines hypothèses à l’effet que certains traits de la personnalité soient associés à la qualité de l’attachement. L’article confirme en fait que la qualité de l’attachement amoureux est corrélée avec l’estime de soi, la dépression, l’anxiété et l’ajustement conjugal. À partir des résultats empiriques obtenus à partir des instruments de mesure les plus modernes, divers portraits généraux plausibles des personnes sont élaborés à partir de la qualité de leur attachement.
Le cinquième article constitue une retombée indirecte des travaux et objectifs premiers de la thèse. Il décrit le processus de traduction et de validation suivi pour produire une version française du récent questionnaire anglophone de Brennan, Clark et Shaver (1998) évaluant l’attachement amoureux chez l’adulte. L’article fournit ainsi aux chercheurs francophones une version française de ce questionnaire considéré actuellement comme l’instrument de mesure le plus précis pour évaluer l’attachement amoureux de façon auto-évaluative.
Finalement, la conclusion de la thèse fait le point et résume les résultats empiriques observés. La contribution globale de l’ouvrage est ainsi examinée et analysée dans un contexte d’avancement des connaissances relatives au domaine de l’attachement amoureux chez l’adulte. Elle conclut que les exposés et travaux empiriques décrits dans les divers articles apportent tous, chacun et globalement, une contribution positive au domaine d’étude portant sur l’attachement amoureux chez l’adulte. La thèse apporte de plus des données empiriques importantes pour sensibiliser les cliniciens vis-à-vis les possibilités d’impacts négatifs qu’une perte parentale en bas âge peut entraîner en termes de réduction de la qualité des attachements amoureux ultérieurs ainsi que, plus généralement, sur le développement de divers traits de la personnalité. » (pp. 2-4)