Référence bibliographique [8812]
Robinson, Ann. 1990. «Le droit à la reproduction dans la perspective de l’égalité des sexes». Dans Les droits de la personne au Canada: dans les années 1990 et au-delà , sous la dir. de Ryszard I. Cholewinski, p. 233-248. Ottawa: Université d’Ottawa, Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne/Human Rights Research and Education Centre.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
Cerner, en revenant sur certains écrits de philosophes concernant les femmes (Aristote, St-Thomas d’Aquin...), l’influence de ceux-ci sur les grands juristes de tout les temps ainsi que leur influence sur la perspective d’égalité dans la reproduction humaine qui est manifeste, encore aujourd’hui, dans les discours tenus par plusieurs juristes sur la question des nouvelles techniques de reproduction.
Questions/Hypothèses :
- « Est-il bien enterré ce temps ’béni’ du devoir de procréer, de la revanche des berceaux, des taux de natalité dépassant les prédictions les plus optimistes? » (p. 233)
- « Est-il bien enterré ce temps ’maudit’ où des mères mourraient en couches et du taux effarant de mortalité infantile? » (p. 233)
- « Y a-t-il vraiment un nouveau discours juridique sur le sujet des nouvelles techniques de reproduction ou ne retrouvons-nous pas plutôt ce même discours empreint de sexisme et de discrimination qu’on retrouvait jadis chez les philosophes et les juristes. » (p. 241)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
Données documentaires diverses : St-Thomas d’Aquin (1880), Rousseau, J.J. (1907), Schopenhauer (1977)
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
3. Résumé
« On a souvent affirmé, ces dernières années, que la science médicale exerce un contrôle de plus en plus poussé sur le corps des femmes quand il est question de reproduction humaine et des nouvelles techniques de reproduction. Ne pourrait-on pas plutôt avancer qu’il s’agit tout simplement d’un transfert de contrôle? L’engouement des scientifiques pour la procréation artificielle et le nouveau discours sur le ’désir d’enfants’ ne sont pas très différents du discours, pas si lointain, des philosophes, des théologiens et des juristes sur le devoir conjugal, c’est-à-dire le pouvoir de procréation en mariage et le devoir de propagation de la race, donc, bien sûr la soumission des femmes aux hommes, au nom de principes et de règles de droit, plus aberrants les uns que les autres. C’est ce que je tenterai de démontrer dans la première partie de ce chapitre en effectuant une brève incursion dans quelques écrits philosophiques et juridiques. Au cours de la seconde moitié du vingtième siècle, les Québécoises, à l’instar de leurs soeurs des pays occidentaux, ont découvert les moyens contraceptifs et sont entrées sur le marché du travail; en quelque sorte, elles en ont eu marre de cet unique statut de mère que les hommes leur imposaient. Est-il bien enterré ce temps ’béni’ du devoir de procréer, de la revanche des berceaux, des taux de natalité dépassant les prédictions les plus optimistes? Est-il bien enterré ce temps ’maudit’ où des mères mourraient en couches et du taux effarant de mortalité infantile? Voilà les questions auxquelles je tenterai de répondre dans la deuxième partie de ce chapitre. » (p. 233)