Référence bibliographique [8043]
Bideau, Alain, Brunet, Guy, Desjardins, Bertrand et Prost, Michel. 1995. «La reproduction de la population aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Exemples français et québécois ». Annales de démographie historique, p. 137-148.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
L’objectif consiste à réunir « [...] autour d’une approche démographique des observations qui concernent aussi bien des historiens, que des généticiens de population, dont les travaux des uns sont trop souvent ignorés des autres, et réciproquement ». (p. 137) Cette approche se veut pluridisciplinaire et essentiellement quantitative. En se fondant sur un concept développé par la génétique, les auteurs tenteront ainsi de cerner la proportion et la répartition d’enfants utiles sur place, c’est-à-dire, « [...] un enfant qui a survécu à la mortalité infantile et juvénile, qui s’est marié, et qui a eu des enfants nés sur place. » (p. 137)
Questions/Hypothèses :
« Ceci devrait permettre d’observer la manière dont la reproduction, et donc la croissance de la population, varie en fonction des possibilités économiques locales et de l’espace disponible pour l’établissement sur place des enfants.Nous sommes ainsi amenés à regarder dans quelle mesure le dynamisme naturel participe à la reproduction de la population locale ou s’il fait appel à l’immigration ou à l’émigration pour assurer son adaptation aux possibilités locales. » (p. 138)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
« Ce texte repose sur trois études micro-locales : L’Île-d’Orléans, et deux vallées montagnardes françaises, la Vallée de la Valserine et la vallée de la Vallouise. Pour chaque site nous avons examiné, famille par famille, la descendance des couples formés durant une période donnée. Nous mesurons donc dans ce texte le nombre de descendants et d’enfants utiles sur place de chacun de ces couples fondateurs. » (p. 138)
Instruments :
Collecte de données issues des registres
Type de traitement des données :
Analyse statistique
3. Résumé
« Nous étudions la descendance de quatre cohortes de couples formés au XVIIe et au XVIIIe siècle (trois cohortes dans deux vallées montagnardes françaises et l’Île-d’Orléans au Québec) sur trois générations. Les enfants sont répartis en quatre catégories en fonction de leur destin (morts célibataires, destin inconnu, mariés restant sans enfants, ’enfants utiles’, concept utilisé en génétique des populations, sont les enfants qui à leur tour ont des enfants). Dans chaque site, les enfants utiles ne représentent que 26 à 31 % des naissances. Ensuite, nous mesurons la contribution des couples à la constitution de la génération suivante. En moyenne, chaque couple donne naissance à un peu plus d’un enfant utile. Mais la contribution des couples est très inégale. Suivant les sites, entre 36 et 53 % des couples ne laissent aucun enfant utile, et, à l’inverse, une petite minorité de couples contribuent amplement à la génération suivante. La même mesure est reproduite pour la constitution de la génération suivante, montrant que l’inégalité des couples face à la reproduction se perpétue. » (p .147)