1. Objectifs

Intentions :
« La thèse vise à étendre les connaissances sur le développement des problèmes d’adaptation chez les fils de pères alcooliques. » (p. 3)

Questions/Hypothèses :
- « Les mesures d’évaluation par l’enseignant permettent de dépister les cas positifs de diagnostics au DSM-III-R. » (p. 65)
- « Les fils de pères alcooliques sont plus inadaptés que les fils de pères non-alcooliques, tant au plan des problèmes d’externalisation que d’internalisation » (p. 68)
- « Dans les familles non-alcooliques les garçons de familles non-intactes devraient être plus inadaptés que leurs pairs de familles intactes, alors que chez les fils de pères alcooliques, les garçons de familles intactes devraient présenter le profil le plus inadapté. » (p. 69)
- « Entre les âges de 6 et 12 ans, les fils de pères alcooliques devraient présenter soit une plus grande stabilité soit une augmentation de leurs comportements d’inadaptation, comparés aux fils de pères non-alcooliques. » (p. 69)
- « Les FPA seront plus inadaptés que les FPNA, tant au plan des problèmes d’externalisation et d’internalisation que des difficultés scolaires, et ils abuseront également davantage de l’alcool que leurs pairs. » (p. 71)
- « Dans les familles non-alcooliques les garçons de familles non-intactes devraient être plus inadaptés, sur la base des variables mentionnées à l’hypothèse précédente, que leurs pairs de familles intactes, alors que chez les fils de pères alcoliques, les garçons de familles intactes devraient présenter le profil le plus inadapté. » (p. 71)

2. Méthode

Échantillon/Matériau :
- Article 1 :
1033 garçons ont participé à cette étude longitudinale dont les débuts remontent à 1983-1984. L’échantillon est composé de garçons francophones et provenant d’écoles situées dans un milieu économiquement faible de Montréal. Pour le premier article toutefois, un sous-échantillon de 239 garçons a été sélectionné pour une évaluation psychiatrique.
- Article 2 :
680 familles et un sous-échantillon de 159 pères
- Article 3 :
Des 680 familles de l’échantillon précédent, l’auteur utilise cette fois 138 familles dont 75 alcooliques et 63 non alcooliques.

Instruments :
Article 1 :
- The diagnostic Interview Schedule for Children (DISC) évalue les symptômes psychiatriques des enfants;
- The Social behavior Questionnaire (BSQ) a été utilisé par les enseignants pour évaluer les problèmes de comportement des enfants à l’âge de 12 ans.
Article 2 :
- Entrevue téléphonique avec les mères
- The Short Michigan Alcoholism Screening Test (SMAST) évalue les familles alcooliques alors que l’enfant avait 12 ans;
- The Diagnostic Interview Schedule (DIS) s’adresse à des pères dont la conjointe avait répondu au (SMAST) six mois plus tôt;
- The Preschool Behaviour Questionnaire and the Prosocial Behaviour Questionnaire ont été complétés par les enseignants.
Article 3 :
Les mêmes que pour le deuxième article en plus du DISC Diagnostic interview Schedule for Children.

Type de traitement des données :
Analyse statistique

3. Résumé

« L’objectif de la présente étude était d’examiner l’effet différentiel de l’alcoolisme paternel et de l’absence du père sur le développement et la stabilité des difficultés d’adaptation chez les garçons. Trois articles distincts ont été réalisés à cette fin. Un premier article a d’abord examiné la concordance entre les méthodes utilisées pour évaluer les difficultés d’adaptation des garçons à 12 ans. Cette étude a permis d’établir la concordance entre l’évaluation par l’enseignant et l’évaluation psychiatrique effectuée à l’aide d’une entrevue diagnostique structurée (Diagnostic Interview Schedule for Children, DISC) chez la population cible, soit des garçons provenant de familles de faible milieu socioéconomique. Pour les deux articles suivants, l’alcoolisme du père a été établi à l’aide du Short Michigan Alcohol Screening Test (SMAST). À partir d’un échantillon de 680 familles, quatre groupes de garçons ont été formés sur la base de l’alcoolisme du père (alcoolique, non-alcoolique) et de la structure familiale (intacte, non-intacte/père absent). Dans le deuxième article, les fils de pères alcooliques (FPA) ont été évalués par leur enseignant comme étant plus oppositionnels, plus hyperactifs et plus agressifs physiquement que leurs pairs de familles non-alcooliques (FPNA), cela à l’âge de 6 et 12 ans. Toutefois, ces mesures étant modérément à fortement corrélées, les résultats d’analyse multivariée tenant compte de l’interrelation entre les variables dépendantes indiquent qu’une propension à être agressif physiquement et à être peu anxieux discrimine le mieux les fils de pères alcooliques des fils de pères non-alcooliques. Ces résultats sont observables dès l’âge de 6 ans et demeurent stables par la suite. De plus, ils sont en accord avec les théories portant sur les caractéristiques des alcooliques au plan de la personnalité. Dans le troisième article, alors que les sujets sont âgés de 12 ans, les FPA se sont également distingués de leurs pairs FPNA, en présentant davantage de troubles d’externalisation, de troubles d’internalisation et, dans l’ensemble, de diagnostics psychiatriques tels qu’établis à partir d’une entrevue structurée (DISC), cela sur la base de l’évaluation par la mère ou de l’évaluation combinée mère/enfant. De façon spécifique, une prévalence plus élevée de troubles d’opposition et de dépression caractériserait les FPA à cet âge. De plus, les FPA étaient plus susceptibles de présenter des difficultés scolaires. Dans nos deux études examinant l’influence de l’alcoolisme paternel, ces résultats ont été obtenus alors que l’on contrôlait pour le niveau socioéconomique de la famille. Par ailleurs, les diagnostics basés uniquement sur l’information fournie par l’enfant n’ont pas permis de discriminer entre FPA et FPNA, pas plus qu’un indice d’abus d’alcool (s’être déjà saoulé). Aucun effet significatif n’a été observé dans les deux études pour la structure familiale (intacte, non-intacte/père absent) ou pour l’interaction entre ce facteur et l’alcoolisme paternel. Dans l’étude examinant deux temps d’évaluation, aucune interaction entre l’âge et l’alcoolisme paternel ou la structure familiale n’a été observée. Les résultats de nos études suggèrent donc 1) que les différences comportementales entre les FPA et FPNA sont présentes dès la fin de la maternelle, que le père soit présent ou non dans la famille; 2) que l’alcoolisme paternel ou la structure familiale n’ont pas d’impact particulier sur la variation des troubles du comportement des garçons, qui demeurent stables par la suite; 3) que ces différences au plan de l’adaptation sont observables tant à partir de données comportementales que cliniques. » (pp. iv-v)