Mariage et patrimoine à Neuville, de 1669 à 1782

Mariage et patrimoine à Neuville, de 1669 à 1782

Mariage et patrimoine à Neuville, de 1669 à 1782

Mariage et patrimoine à Neuville, de 1669 à 1782s

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Référence bibliographique [7535]

Postolec, Geneviève. 1996. «Mariage et patrimoine à Neuville, de 1669 à 1782». Thèse de doctorat, Québec, Faculté des lettres de l’Université Laval, Département d’histoire.

Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
« Nous avons étudié les modalités de constitution du patrimoine des nouveaux couples mais aussi de la nature de leurs conventions juridiques. »

Questions/Hypothèses :
« Au terme de ces analyses, une fois identifiés les principaux choix qui semblent découler des aspirations familiales, peut-être pourrait-on dégager un sens de la famille. Les modes d’organisation adoptés traduisent-ils plutôt un système d’entraîde ou un état latent de tensions? Existe-t-il une culture de la famille qui s’inscrit dans la préservation de la lignée ou dans un esprit favorisant le noyau conjugal? »

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
- « Le choix d’un cadre géographique, en l’occurence seigneurial, s’est imposé de lui-même comme cas-témoin puisqu’en Nouvelle-France, le cadre seigneurial a structuré la spatialisation du peuplement. Notre recherche a donc, pour cadre, une seigneurie de la région de Québec, Neuville, et s’étale sur plus d’un siècle, des origines de la seigneurie à la fin du XVIIIe siècle. » (p. 12)
- « Le recours à des sources telles que les actes et les contrats de mariage autorise une analyse minutieuse de la pratique matrimoniale au cas par cas. L’utilisation de fiches de famille et le dépouillement des actes notariés permet de replacer les mariages des individus à l’intérieur de l’histoire de leur famille respective et leur apport au mariage à l’intérieur de la transmission des biens familiaux. » (p. 12) « Des informations d’ordre familial complémentaires, comme le nombre d’enfants mineurs à la charge d’une personne veuve qui se remarie, le rang dans la fratrie, la date de décès d’un parent ou encore l’âge du père et de la mère au mariage de leur enfant, ont aussi été recherchés afin de dresser un portrait familial fidèle des individus de notre corpus. Nous avons utilisé, pour se faire, les dictionnaires généalogiques Jetté et Tanguay. » (p. 13)

Type de traitement de données :
Analyse de contenu

3. Résumé


« Le mariage de deux individus est l’occasion d’un échange de personnes entre deux familles mais c’est aussi, très régulièrement, l’occasion d’un échange de biens. Par une étude systematique, exhaustive et contextualisée des contrat de mariage des résidents d’une seigneurie, Neuville, entre 1669 et 1782, nous étudions donc les modalités de constitution du patrimoine des nouveaux couples mais aussi la nature de leurs conventions juridiques. Il appert que 75% des couples formés par deux célibataires débutent leur vie conjugale avec une corbeille nuptiale garnie, par les soins de leurs familles respectives qui ont veille, sinon à l’équilibre des apports, du moins à la complémentarité de ceux-ci. Quelle que soit la forme qu’ils prennent et le montant auquel ils s’élèvent, les apports au premier mariage ne peuvent cependant être étudiés sans tenir compte de la situation de la famille d’origine des conjoints. L’accès au patrimoine foncier n’est pas le lot de tous les couples et passe essentiellement par l’entremise de jeunes hommes, aînés de famille. Le transfert d’une terre est souvent accompagné de charges assez lourdes (donations parentales). Une fois que des biens ont été mis dans la corbeille nuptiale, on observe que près de la moitié des couples cherchent à favoriser leur noyau conjugal avec la mise des acquêts et des propres dans la communauté de biens et en se faisant donation des biens de la communauté l’un envers l’autre. Il existe donc une volonté ferme de la part des familles comme des individus de favoriser le noyau conjugal aux dépens de la lignée familiale. Dans les remariages, la dynamique patrimoniale est bien différente. Ce qui est central, c’est la présence d’une descendance directe issue d’un lit précédent. D’une part, il apparait très clairement que l’aisance économique des veufs vient en bonne part du fait qu’une partie de leur patrimoine appartient à leurs enfants et que le peu de biens apportés par les conjoints célibataires s’explique aussi par le fait que leur rôle est de servir de parent suppléant à ces enfants. D’autre part, la présence d’enfants est la condition qui détermine l’application de l’édit de Secondes Noces. En effet, tout se joue à travers le prisme de la protection des enfants mineurs contre tout, et particulièrement contre toute personne qui peut venir spolier leurs droits, notamment en matière patrimoniale. Les restrictions de l’édit de Secondes Noces s’appliquent aux veufs avec enfants qui se remarient pour limiter, en fait, très sérieusement les libéralites que le veuf voudrait donner son nouveau conjoint. En somme, cet édit empêche les nouveaux conjoints de privilégier leur noyau conjugal au détriment de la lignée du précédent lit. » (pp. iii-iv)