Référence bibliographique [7048]
Gravel, Sylvie et Legault, Gisèle. 1998. «Insertion sociale et autonomie affective des jeunes mères de la communauté noire de Montréal». Dans Comprendre la famille , sous la dir. de Louise S. Éthier et Alary, Jacques, p. 69-88. Actes du 4e symposium québécois de recherche sur la famille tenu à Montréal en mars 1998. Sainte-Foy, Québec: Presses de l’université du Québec.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
Rendre compte des évaluations d’implantation et d’impact du projet d’intervention Au Futur qui s’adresse aux jeunes mères issues des communautés noires de Montréal.
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
Le projet a rejoint 136 jeunes mères dont 68,2% d’entre elles avaient 20 ans et moins au moment de leur arrivée au projet. Les autres ont entre 21 et 24 ans. « Plus de la moitié de la clientèle provient de la communauté noire francophone, la majorité étant originaire d’Haïti. La communauté noire angophone est plus diversifiée avec une majorité de mères originaires de Jamaïque ou des Antilles anglaises. » (p. 74) Finalement, ces mères se caractérisaient par une pauvreté économique importante : 77,9% (102) d’entre elles vivaient de l’aide sociale, 15,4% (21) étaient sans revenu, 3,7% (5) au chômage, 0,7% (1) recevait des prêts et bourses et seulement1,5% (2) travaillaient. « Sur le plan scolaire, plus de la moitié sont étudiantes au début de la grossesse alors que près du quart sont décrocheuses. La majorité d’entre elles n’ont pas complété leur secondaire au moment de leur entrée dans le projet, elles se répartissent entre les 1ere et 4e année du secondaire. Le quart d’entre elles ont toutefois complété leur secondaire ou sont au collégial; à l’autre extrémité, un dixième se situent au niveau du primaire de leur formation. » (pp. 73-74)
Instruments :
- Analyse de dossier;
- Génogramme;
- Rencontre de groupe.
Type de traitement des données :
Analyse statistique, analyse de contenu
3. Résumé
Le texte fait état du processus d’évaluation du projet AU FUTUR visant l’insertion sociale de jeunes mères issues de la communauté noire de Montréal. Cette démarche évaluative survenait entre 18 et 24 mois après le début du suivi. Par ailleurs, les auteures présentent d’abord une brève perspective historique justifiant la mise sur pied du projet. Elles précisent qu’il origine d’un appel des leaders de la communauté noire au début des années 1990. Ceux-ci se préoccupaient de la situation des jeunes mères de leur communauté : pauvreté, isolement abandon scolaire et effritement des relations familiales. (p. 69) En deuxième lieu, elles précisent les trois objectifs du projet : « 1) réinsérer les jeunes mères dans le milieu des études ou sur le marché du travail, 2) de développer chez elles, un sens aiguisé de la planification familiale, 3) de favoriser le développement de leur autonomie affective en tant que facteur déterminant de leur persistance dans le processus de réinsertion. » (p. 71) En troisième lieu, elle décrive les mesures d’accompagnement organisationnel et psychologique qui favorisaient l’atteinte des objectifs. En quatrième lieu, elles tracent le profil socio-démographique de ces jeunes mères. Il en ressort qu’elles se trouvent dans des situations d’extrême précarité sur les plans économique et social, ce qui d’une part complexifient le processus d’insertion sociale et d’autre part, les rendent vulnérables face à l’arrivée de nouvel amoureux dans leur vie. Cette dernière dimension a par ailleurs fait l’objet d’une attention spéciale dans la réalisation de ce projet. En effet, les responsables ont rapidement perçu que le projet amoureux apparaissait incompatible avec le projet d’insertion. Un groupe de rencontre sur l’autonomie affective a donc été mis sur pied dans le but justement de contrer le développement de relation de dépendance affective. Enfin, les évaluations d’impact laissent croire que le projet de retourner aux études est fondé pour la majorité des mères et plus fortement encore pour celles ayant moins de 20 ans. Les autres désirent davantage intégrer le marché du travail ou un milieu de stage. Toutefois, les difficultés économiques, le manque de soutien de la famille et l’absence du conjoint créent un environnement peu favorable. Le plus inquiétant demeure l’inconsistance dans l’utilisation d’un moyen de contraceptif. Par ailleurs, les auteures font part des difficultés de repérage des participantes au moment de l’évaluation. En effet, seulement 32 participantes auraient été rejointes: ce faible taux s’explique d’une part par le nombre restreint de mères éligibles à l’évaluation, d’une grande instabilité résidentielle, pas de téléphone, ou encore par crainte d’entrer à nouveau en contact avec les services publics.