Référence bibliographique [677]
La Charité, Claude. 2010. «Les Mémoires de Famille (1869 et 1891) d’Éliza-Anne Baby : entre Mémoires et livre de raison ». Voix et Images, vol. 35, no 3, p. 63-82.
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Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« Cet article se propose de réfléchir au genre des Mémoires de famille d’Élizabeth-Anne Baby (1803-1890) à la croisée des Mémoires et du livre de raison. » (p. 63)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
Données documentaires diverses
Sources primaires (manuscrit des Mémoires de famille d’Élizabeth-Anne Baby et ses deux éditions, parues en 1869 et 1891; les Mémoires d’Aubert de Gaspé publiés en 1866, etc.).
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
3. Résumé
« Il serait tentant de lire ces Mémoires de famille comme le contrepoint féminin des Mémoires de son cousin, Aubert de Gaspé, publiés trois ans auparavant. Pourtant, à y regarder de près, les deux œuvres présentent peu de ressemblances, en dépit de leur titre commun de Mémoires. Même une fois la part faite des convenances propres à la société patriarcale du XIXe siècle, qui contraignaient les femmes à l’effacement, le sujet mémorialiste chez Éliza-Anne Baby est d’une tout autre nature que chez Aubert de Gaspé. En fait, chez elle, c’est très clairement le nous qui l’emporte sur le je, si bien d’ailleurs que Henri- Raymond Casgrain (1831-1904), le fils de la mémorialiste, éprouvera le besoin, dans la réédition de 1891, d’ajouter une biographie de sa mère. Cette constatation de l’effacement du sujet donne à penser que cette œuvre s’apparente au livre de raison, tel qu’il se pratiquait depuis le XIVe siècle en France. Cela dit, les Mémoires de famille se distinguent aussi du livre de raison par le fait qu’ils émanent d’un seul auteur. Et de fait, la mémoire familiale dans l’œuvre de Baby, bien qu’elle soit très présente dans l’introduction consacrée au premier Casgrain venu en Amérique, cède rapidement le pas à la figure du mari qui est le véritable protagoniste de ces Mémoires de famille. L’essentiel du propos, comme l’a bien vu Antonio Lechasseur, vise à réhabiliter la mémoire de Charles-Eusèbe Casgrain décédé plus de vingt ans auparavant, en 1848, dans une forme qui rappelle celle du mémoire justificatif et à la faveur de laquelle la veuve cherche à disculper son défunt mari des soupçons de trahison qui pesaient sur lui en raison du rôle qu’il joua dans la répression des Révoltes des Patriotes. Pour étudier ce texte méconnu, nous nous proposons d’en reconstituer d’abord l’histoire éditoriale de 1869 à 1891; puis, nous examinerons successivement deux de ses facettes constitutives : le genre des Mémoires et celui du livre de raison. » (p. 63-64)