Référence bibliographique [6530]
Regnière, Gaétan. 1999. «Boîte à lunch : reflet des attitudes éducatives parentales et incidences sur le comportement de l’enfant». Mémoire de maîtrise, Trois-Rivières, Québec, Université du Québec à Trois-Rivières, Département de psychologie.
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Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« Le principal but de cette étude est exploratoire en ce sens qu’elle s’intéresse d’abord à la description de ce que les enfants apportent dans leur boîte à lunch comme repas à la garderie. » (p. 83)
Questions/Hypothèses :
« 1a) La valeur nutritive et la variété du contenu des repas apportés par l’enfant sont différents selon le degré de rigidité des attitudes éducatives parentales. [...]
1b) La valeur nutritive et la variété du contenu des repas apportés par l’enfant sont différentes selon le degré de rigidité des attitudes éducatives parentales et selon le statut familial (monoparental ou biparental). [...]
2a) Les enfants ayant une cote élevée à l’échelle d’agressivité-hyperactivité ont des contenus de boîte à lunch de moins bonne valeur nutritive. [...]
2b) Il y a un lien entre le degré de rigidité des attitudes éducatives et le résultat obtenu par l’enfant au QECP. [...]
3a) Plus le degré de rigidité des attitudes éducatives est élevé, moins il y a de variété dans le choix de l’enfant. [...]
3b) La variété dans le choix de l’enfant est différente selon qu’il a une mère rigide et monoparentale ou rigide et biparentale. [...]
4a) Il y a un lien entre le degré de rigidité des attitudes éducatives et le degré d’agitation mesuré par l’observation de l’enfant à la garderie lors du repas. [...]
4b) Le lien entre le degré de rigidité des attitudes éducatives de la mère et le degré d’agitation de l’enfant est différent selon qu’elle soit monoparentale ou non. » (pp. 83-85)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
« Pour être choisis, les sujets devaient répondre à trois critères importants : fréquenter assidûment un service de garde en milieu scolaire, utiliser la boîte à lunch lors des repas et être en première année. L’échantillon comprend 37 enfants (24 garçons et 13 filles). » (p. 96)
Instruments :
- Questionnaire de renseignements généraux;
- Questionnaire sur la structuration éducative parentale (QSEP; Palacio-Quintin et Lavoie, 1986);
- Grille d’observation concernant le comportement de l’enfant à la garderie (GOCEG);
- Deux grilles concernant la boîte à lunch (GOBL);
- Questionnaire sur l’alimentation de l’enfant (QAE; Jourdan-Ionescu et Regnière, 1990);
- Questionnaire d’évaluation des comportements au préscolaire (QECP; Tremblay et Baillargeon, 1982).
Type de traitement des données :
Analyse de contenu, analyse statistique
3. Résumé
« Plusieurs recherches montrent qu’il existe une relation certaine entre l’environnement social d’un individu et son développement physique, cognitif, affectif et social. Au niveau des préférences alimentaires, Rozin croit que la principale influence est la famille. D’autres auteurs démontrent, pour leur part, que différents facteurs sont impliqués dans l’éducation alimentaire de l’enfant : les médias, le contexte social, l’aspect socio-affectif. Mais qu’en est-il de l’éducation alimentaire de nos enfants québécois? Cette recherche vise, en tout premier lieu, à décrire à quoi ressemblent les contenus de la boîte à lunch des enfants de première année quant à la valeur nutritive, la variété et la répétitivité des aliments. On cherche également à examiner comment l’enfant est influencé par les différentes influences en jeu autour de lui lors des repas (éducation, pairs, contexte social). Comme il est clair que les attitudes éducatives parentales influencent plusieurs aspects du développement de l’enfant, cette étude s’intéresse à l’influence des attitudes éducatives parentales sur la variété et la valeur nutritive des repas des enfants de première année. Il est certain que l’enfant transporte de la maison au service de garde les habitudes alimentaires et toute la culture entourant le moment des repas. On n’ a qu’à regarder les menus inclus dans les boîtes à lunch observées, certains auront jusqu’à quatre variétés de desserts et plusieurs sortes de légumes comme entrée alors que d’autres auront dix fois consécutives un sandwich, un jus et un gâteau. Plusieurs auteurs démontrent l’influence de la culture de chacune des familles dans leurs choix alimentaires. Comme l’aspect économique fait également partie des facteurs environnementaux, deux groupes d’enfants ont été étudiés soit ceux provenant d’une famille monoparentale et ceux ayant leurs deux parents. Nous avons, de plus, vérifié l’incidence des pratiques éducatives sur le comportement de l’enfant. À la lumière des recherches de Feingold, nous avons aussi regardé le profil alimentaire des enfants présentant des comportements spécifiques (prosociaux, de retrait, d’hyperactivité). Nous avons porté une attention aux comportements de l’enfant pendant le repas à savoir si le niveau d’agitation était en lien avec la structuration éducative parentale. Enfin, nous avons mis en lien la rigidité de la mère avec les choix de l’enfant quant à ses activités, ses émissions de télé et ses lectures. [...] La description des contenus des boîtes à lunch des enfants permet de constater qu’elles sont remplies d’aliments plutôt populaires : 52,7% des entrées sont des légumes crus (carotte, céleri, etc.); les sandwichs représentent 52,2% des mets principaux; les barres tendres, les gâteaux et les tartes représentent 44,3% des desserts, les fruits représentant 34,7%; finalement, les breuvages se composent de jus de fruits (73,8%) et le lait ne représente que 11,4% des breuvages. Les substituts de viande (poisson, légumineuses) ne sont vraiment pas présents dans les contenus de la boîte à lunch et des fruits comme le bleuet, la fraise ou le cantaloup sont quasi absents. Enfin, les produits laitiers ne sont pas tellement présents que ce soit le lait lui-même, les yogourts ou le fromage. Concernant les questions de recherche, les principales hypothèses n’ont pas été vérifiées mais on observe toutefois quelques tendances. En effet, la mère plus rigide et monoparentale semble fournir des contenus de boîte à lunch moins variés que la mère plus rigide ayant un conjoint. Aussi, plus les mères monoparentales sont rigides dans leur éducation, plus on observe de comportements d’agitation chez l’enfant alors que plus la mère ayant un conjoint est rigide, moins on observe de comportements d’agitation chez l’enfant. Finalement, plus les mères sont rigides dans leurs attitudes éducatives, moins on observe de comportements d’agressivité/hyperactivité chez l’enfant. La recherche permet donc de croire qu’il y a un facteur de pauvreté qui entre en ligne de compte lorque l’on étudie les habitudes alimentaires. En effet, la mère monoparentale semble avoir plus de rigidité dans ses attitudes éducatives et notamment sur le plan alimentaire car elle a à assumer le rôle parental seule et par le fait même est beaucoup plus occupée laissant moins de temps à la préparation de la boîte à lunch de son enfant. Cette recherche comporte évidemment certaines limites méthodologiques qui peuvent expliquer le rejet de certaines hypothèses de recherche. » (sommaire)