L’impact des variables du contexte conjugal sur la symptomatologie dépressive postnatale tardive de primipares québécoises défavorisées avec conjoint stable

L’impact des variables du contexte conjugal sur la symptomatologie dépressive postnatale tardive de primipares québécoises défavorisées avec conjoint stable

L’impact des variables du contexte conjugal sur la symptomatologie dépressive postnatale tardive de primipares québécoises défavorisées avec conjoint stable

L’impact des variables du contexte conjugal sur la symptomatologie dépressive postnatale tardive de primipares québécoises défavorisées avec conjoint stables

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Référence bibliographique [5575]

St-Denis, Michèle. 2001. «L’impact des variables du contexte conjugal sur la symptomatologie dépressive postnatale tardive de primipares québécoises défavorisées avec conjoint stable». Thèse de doctorat, Montréal, Université du Québec à Montréal, Département de psychologie.

Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
« L’objectif de l’étude est de vérifier la valeur explicative de variables liées au contexte conjugal pendant la grossesse et peu après l’accouchement sur la symptomatologie dépressive six mois après la naissance chez un groupe de femmes québécoises francophones défavorisées. » (p. 34)

Questions/Hypothèses :
« 1) Étant donné l’importance du lien entre le contexte conjugal et l’ajustement psychologique des nouvelles mères et en particulier celui du soutien émotif apporté par le conjoint, nous faisons l’hypothèse que, parmi les trois principales dimensions du contexte conjugal (les stresseurs liés au conjoint, les soutiens apportés par le conjoint et l’ajustement conjugal), la perception du conjoint comme source de soutien émotif durant la grossesse et pendant la période postnatale précoce sera le facteur de protection le plus important contre la symptomatologie dépressive six mois après la naissance.
2) Le stress lié au conjoint (fréquence des conflits entre les partenaires, préoccupations de la femme vis-à-vis de son conjoint) exige une adaptation constante de la part des femmes et représente un stresseur chronique (Belle, 1982) qui n’a jamais été documenté dans le contexte postnatal en milieu défavorisé. Nous faisons donc l’hypothèse que la fréquence des conflits avec le conjoint durant la grossesse et trois semaines après l’accouchement sera le facteur de risque le plus important pour la symptomatologie dépressive six mois après la naissance. » (p. 34)

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
34 femmes primipares

Instruments :
« La symptomatologie dépressive a été mesurée à l’aide du Beck Depression Inventory (BDI) version révisée par Beck, Rush, Shaw et Emery (1979), traduite en français et validée auprès d’une population québécoise (Gauthier, Morin, Thériault et Lawson, 1982). » (p. 42)

Type de traitement des données :
Analyse statistique

3. Résumé


« La symptomatologie dépressive postnatale affecte négativement le développement du bébé et perturbe considérablement la qualité de vie des femmes et de leur famille. Les études menées en milieux socioéconomiques moyens ou aisés montrent que les variables du contexte conjugal (la fréquence des conflits, le soutien apporté par le conjoint, la qualité de la relation conjugale) semblent avoir le plus grand impact sur cette symptomatologie.
Les variables environnementales joueraient également un grand rôle dans l’apparition de cette psychopathologie. Notamment, les conditions de vie dommageables auxquelles sont quotidiennement confrontées les femmes de milieu défavorisé entraînent des stresseurs qui peuvent leur rendre cette période particulièrement difficile. Toutefois, peu de chercheurs ont étudié la symptomatologie dépressive en milieu défavorisé, où existe pourtant un cumul de facteurs de risque au regard du bien-être de la mère et de l’enfant. En outre, malgré l’importance qu’on lui attribue dans les milieux socioéconomiques moyens ou aisés, l’impact des variables du contexte conjugal n’a encore, à notre connaissance, jamais été étudié systématiquement en milieu défavorisé. C’est pourquoi la présente étude examine la valeur prédictive de ces variables sur l’ajustement psychologique postnatal en milieu de pauvreté.
Trente-quatre primipares québécoises francophones défavorisées, âgées d’au moins 18 ans et ayant un conjoint entre le huitième mois de la grossesse et le sixième mois après la naissance composent notre échantillon. Elles ont été recrutées aux cliniques externes d’obstétrique des hôpitaux Notre-Dame, St-Luc, Maisonneuve-Rosemont ainsi qu’aux cliniques d’échographie des hôpitaux Notre-Dame et Général LaSalle. Un schème longitudinal, étalé sur huit mois, a permis de rencontrer les participantes à trois reprises, soit à huit mois de grossesse, à trois semaines après la naissance et à six mois post-partum. Pour établir leur valeur prédictive, les variables du contexte conjugal, notamment les stressseurs liés au conjoint (fréquence des conflits et degré de préoccupation vis-à-vis du conjoint) (ASSIS, Barrera, 1980), la perception des types de soutien offerts par le conjoint (émotif, informatif, approbatif, récréatif et la perception de la stabilité de l’aide du conjoint dans le temps) (ASSIS, Barrera, 1980), le partage des tâches domestiques et des tâches liées au bébé (Partage des tâches, Tessier, 1983) et l’ajustement dyadique (cohésion, consensus et satisfaction) (DAS, Spanier, 1976) ont été mesurées durant la grossesse ainsi qu’à trois semaines post-partum. La symptomatologie dépressive (variable dépendante) a été mesurée six mois après la naissance (BDI, Beck, Rush, Shaw et Emery, 1979). La symptomatologie dépressive mesurée durant la grossesse a été retenue comme variable de contrôle. [...]
Le modèle de régression met en lumière le lien majeur entre le soutien émotif offert par le conjoint tel que perçu avant la naissance et le bien-être psychologique des nouvelles mères pauvres, six mois après la naissance. Par ailleurs, le fait de percevoir le conjoint comme source de soutien informatif trois semaines après la naissance, semble augmenter chez ces femmes les risques de symptomatologie dépressive en postnatal tardif.
Les liens de la symptomatologie dépressive à six mois post-partum avec le soutien émotif perçu durant la grossesse ainsi qu’avec la perception de la stabilité de l’aide du conjoint mesurée durant la grossesse (lien corrélationnel) semblent illustrer que ce que les femmes de notre échantillon vivent avec leur conjoint au plan émotionnel avant la naissance du bébé est déterminant pour une bonne santé mentale après la naissance. La période de la grossesse pourrait représenter un moment de grande vulnérabilité pour les femmes, étant donné les changements physiologiques impliqués, l’inconnu que constitue l’accouchement et la venue d’un premier bébé ainsi que l’incertitude quant à l’évolution de la relation conjugale après la naissance. Cette grande vulnérabilité rendrait d’autant plus critique la qualité du soutien du conjoint au plan émotif.
Par contre, aucune des variables de stress liées au conjoint et aucune des variables de l’ajustement conjugal n’apparaissent associées à la santé mentale des mères de notre échantillon six mois après la naissance.
Le lien entre les variables du contexte conjugal et la santé mentale des femmes pauvres à la période postnatale est complexe. Notre travail conduit à proposer que l’étude des mécanismes par lesquels ces variables interagissent se poursuive à l’aide de modèles multifactoriels, de façon longitudinale, sur des échantillons représentatifs de l’ensemble des réalités conjugales de nouvelles mères défavorisées, considérant le statut minoritaire des femmes avec conjoint stable en milieu de pauvreté. » (pp. xi-xii)