Référence bibliographique [5328]
Gutiérrez-Malaver, Maria Elsa. 2002. «Les représentations sociales de la grossesse des jeunes filles chez les adolescentes enceintes à risque et chez les professionnels, dans une institution de santé à Bogotá-Colombie». Thèse de doctorat, Montréal, Université du Québec à Montréal, Faculté d’éducation.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« 1.6.1 Identifier le contenu, l’organisation et la signification des représentations sociales sur la grossesse des adolescentes chez les adolescentes enceintes à risque dans une institution de santé à Bogotá.
1.6.2 Identifier le contenu, l’organisation et la signification des représentations sociales sur la grossesse des adolescentes chez les professionnels dans une institution de santé de Bogotá.
1.6.3 Identifier les différences et les ressemblances des représentations sociales sur la grossesse des adolescentes enceintes à risque et chez les professionnels de la santé dans une institution de santé de Bogotá. » (p. 57)
Questions/Hypothèses :
« Quelles sont la vision et la signification de la grossesse des adolescentes chez les adolescentes enceintes à risque comparées à celles des professionnels de la santé, dans une institution de santé de Bogotá? »
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
- 12 adolescentes enceintes, âgées de 14 à 19 ans, hospitalisées pour des problèmes de santé au cours de leur grossesse;
- 11 professionnels de la santé (six médecins et cinq professionnels en affaires sociales et éducatives).
Instruments :
- Guide d’entretien à questions ouvertes;
- Guide d’entretien à questions fermées.
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
3. Résumé
« La question de la grossesse des adolescentes est aujourd’hui une préoccupation majeure tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Une priorité est d’établir la prévention (primaire, secondaire et tertiaire) au niveau du risque pour la santé de l’adolescente et de son enfant, de mettre sur pied des programmes d’intervention efficaces et de susciter des changements chez les adolescentes vers une conduite sexuelle contrôlée. Les campagnes d’éducation et les programmes d’intervention visant la population adolescente ne semblent pas suffisants à la vue de l’augmentation du nombre de mères adolescentes et face aux problèmes de morbidité et de mortalité dans les pays en voie de développement. En Colombie, c’est à l’institution de santé que les adolescentes enceintes d’adressent pour demander des services de santé aux professionnels. Dans cette démarche, certaines adolescentes enceintes prennent conscience qu’elles-mêmes et leurs bébés sont à risque. Néanmoins, les programmes institutionnels d’éducation et l’intervention des professionnels avec cette population n’arrivent pas à les influencer vers des conduites contraceptives.
La présente recherche se propose d’identifier la vision de la grossesse des jeunes filles chez les adolescentes enceintes à risque et chez les professionnels dans une institution de santé à Bogotá (Colombie), et ce par le biais de l’étude des représentations sociales. [...]
Chez les adolescentes, les représentations sociales de la grossesse sont les possibilités d’un changement de vie avec les composantes qui leur sont liées : amour, avenir, support, bonheur et bébé. Ces résultats laissent entrevoir que le bébé n’est pas le motif principal de la grossesse.
Un problème à résoudre n’est pas tant le manque d’informations sur la contraception, mais plutôt l’impuissance et la faiblesse de l’adolescente face à son partenaire lors de la relation sexuelle. Les représentations sociales des adolescentes sur la grossesse ont une connotation positive. L’adolescente prend le risque de la grossesse comme une possibilité de rechange des conditions de son environnement familial, social et économique. Pour elle, le problème se situe autour du risque de perte du bébé et, par conséquent, la possibilité de voir se briser les rêves d’une nouvelle vie avec toutes les composantes qu’elle veut réaliser. On peut dégager que les jeunes filles sont plongées dans l’illusion de la réalisation d’un rêve, de la situation idéale: dans ces conditions elles ne sont pas réceptives à la prévention d’une nouvelle grossesse. L’adolescente perçoit les problèmes de santé liés à la grossesse comme un événement passager.
Les professionnels ont une autre vision de la grossesse au cours de l’adolescence. Pour eux, la grossesse est négative. Elle implique le risque de maladie et de mort, le risque d’improvisation lors des relations sexuelles non-protogées et vécues comme un jeu de hasard; le risque psychosocial de perte des possibilités d’achever sa formation, de devenir autonome ou de se marier et de fonder une famille. Selon leur vision, le bébé n’est pas le motif primordial d’une grossesse. Les professionnels accordent des connotations sociologiques, économiques, éducatives, socio-psychologiques, culturelles et politiques au phénomène de la grossesse. Le milieu familial et les conditions de développement de la jeune fille font partie de leur vision.
La différence de représentations sociales oriente vers de possibles stratégies de prévention primaire d’une nouvelle grossesse, plus en concordance avec les processus que les adolescentes vivent. Néanmoins, les retombées dépassent les possibilités de prévention et d’éducation pour la santé au cours du laps de temps que les jeunes filles enceintes et malades passent à l’hôpital. L’adolescente à risque met en évidence l’importance des préventions primordiales et primaire, c’est-à-dire aux niveaux les plus précoces du développement de la jeune fille. » (p. xii)