Référence bibliographique [5101]
Soubhi, Hassan, Raina, Parminder et Kohen, Dafna E. 2002. Influence du quartier, de la famille et du comportement des enfants sur le risque de blessure au Canada. Ottawa: Direction générale de la recherche appliquée, Développement des ressources humaines Canada.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« [...] [Examiner] à partir d’un échantillon représentatif des enfants vivant au Canada, de leur naissance à l’âge de 11 ans, les relations transversales et longitudinales entre le risque de blessure et trois ensembles de variables : les caractéristiques du quartier, celles de la famille et celles du comportement de l’enfant. » (p. 56)
Questions/Hypothèses :
« 1. Existe-t-il un lien entre le fonctionnement de la famille et les blessures chez l’enfant dans différents groupes d’âge? Si c’est le cas, ces liens sont-ils conditionnés par l’aptitude parentale ou le comportement de l’enfant? Le premier objectif de l’étude était d’évaluer l’association entre le dysfonctionnement de la famille et les blessures chez l’enfant dans différents groupes d’âge, après neutralisation d’autres caractéristiques de la famille et du quartier, et de vérifier si cette association était directe ou conditionnée par le parentage et/ou le comportement de l’enfant.
2. Si le parentage et/ou le comportement de l’enfant ne modifient pas le fonctionnement de la famille, est-il influencé par ces facteurs? La réponse à ces questions peut avoir des conséquences importantes sur le plan des politiques, même s’il n’est pas facile d’intervenir directement sur le fonctionnement des familles. En déterminant les répercussions éventuelles du fonctionnement de la famille sur l’incidence des blessures chez l’enfant, on pourra fixer des objectifs quant à l’affectation de ressources pour les prévenir.
3. En vue de suggérer des stratégies politiques pertinentes, nous avons jugé utile d’évaluer l’impact relatif de la famille et du quartier sur la fréquence des blessures chez l’enfant. Quel est le facteur le plus étroitement associé à ces blessures, le statut socio-économique de la famille ou les indicateurs du caractère défavorisé du quartier? Ont-ils une interaction l’un sur l’autre? Il était également important de savoir si ces facteurs avaient une interaction avec le fonctionnement de la famille, le parentage ou le comportement de l’enfant, afin de déterminer auprès de quelle unité on pouvait intervenir : la famille, le quartier, ou les deux.
4. Enfin, les modèles élaborés lors des étapes ci-dessus permettent-ils de prévoir le risque de blessure deux ans plus tard? La mise au point d’un modèle prédictif permettrait d’évaluer l’importance des variables utilisées dans la modélisation et donnerait une excellente indication pour évaluer les causes de ce phénomène. » (p. 19)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
« Les données de cette étude sont tirées des cycles 1 et 2 de l’ Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ), une enquête prospective dont l’objet est de mesurer le bien-être, la santé et le développement de l’enfant. » (p. 21)
Type de traitement des données :
Analyse statistique
3. Résumé
« Cette étude s’intéresse à trois séries de questions ayant trait aux blessures chez les enfants au Canada : 1) la relation entre le fonctionnement familial et les blessures chez les enfants est-elle influencée ou modifiée par les pratiques parentales ou le comportement de l’enfant? 2) Du statut socio-économique de la famille (SSE) ou des indicateurs du caractère défavorisé du quartier, quel élément est plus fortement corrélé aux blessures chez les enfants? Chacun modifie-t-il l’effet de l’autre? L’étude examine également l’interaction entre ces facteurs et le fonctionnement familial, les pratiques parentales et le comportement des enfants afin de déterminer les cibles pertinentes sur lesquelles il conviendrait de faire porter les interventions (la famille, le quartier ou les deux). 3) Les modèles élaborés à partir des étapes précédentes permettent-ils de prédire les blessures deux ans plus tard? Les données pertinentes ont été tirées de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes. Toutes les analyses ont été stratifiées en fonction des groupes d’âge des enfants.
Parmi les caractéristiques des quartiers principalement associées au risque de blessures, on retrouve le caractère défavorisé du quartier, particulièrement pour les enfants agressifs de 2 à 3 ans, et la fréquence des problèmes dans le quartier. Les facteurs de protection comprennent la cohésion dans le quartier, en particulier pour les enfants difficiles de moins de 2 ans, ainsi que le pourcentage de ménages gynoparentaux pour les enfants de 2 à 3 ans. Les caractéristiques de la famille principalement associées au risque de blessures comprennent le manque de constance dans les pratiques parentales pour les enfants de 4 à 11 ans. Les facteurs familiaux de protection comprenaient les pratiques parentales positives. Chez les enfants de 2 à 11 ans, on a observé dans l’échantillon transversal des interactions modérées mais statistiquement significatives entre le niveau de dysfonction familiale, l’âge et le comportement prosocial de l’enfant. Parmi les caractéristiques des enfants qui constituaient des facteurs de risque, on retrouvait l’appartenance au sexe masculin, un tempérament difficile chez les enfants plus jeunes et l’agressivité physique. Parmi les facteurs de protection, on retrouvait l’appartenance au sexe féminin et le fait d’avoir subi une blessure au cours des deux dernières années, particulièrement chez les enfants d’âge préscolaire et les garçons et les filles d’âge scolaire.
Parmi les facteurs permettant le plus systématiquement de prédire les blessures, il semblait y avoir la perception que se faisaient les parents de la cohésion au sein du quartier (facteur de protection) et des problèmes dans le quartier (facteur de risque), en particulier pour les enfants de moins de 2 ans. Le caractère défavorisé du quartier, qui a été mesuré dans le cadre de cette étude en fonction du revenu, de la scolarité et de la profession des résidents, semble être un solide prédicteur de blessures chez les enfants de 2 à 3 ans dans l’échantillon longitudinal. De plus, le caractère défavorisé du quartier peut avoir un effet synergique en se combinant avec les comportements d’agressivité physique et d’opposition chez les enfants. La concentration de ménages gynoparentaux semble exercer un effet de protection parmi les enfants de 2 à 3 ans, tandis que la concentration de familles à faible revenu peut accroître le risque de blessures chez les enfants de 4 à 11 ans.
Les auteurs concluent que pendant la petite enfance, il conviendrait d’accorder de l’attention aux processus de la cohésion et de la socialisation collective dans le quartier, tandis que pour les enfants plus âgés, il conviendrait de s’intéresser davantage au caractère défavorisé du quartier et à la concentration de familles à faible revenu. Il faut combiner un meilleur ciblage des ressources destinées aux régions défavorisées à des stratégies éducatives et environnementales pour accroître la cohésion sociale et la participation communautaire. Finalement, des stratégies ayant pour seul objet d’améliorer la situation socio-économique des familles, sans se préoccuper du profil des interactions entre les parents et les enfants, ne donneraient pas lieu à des réductions significatives des blessures chez les enfants. » (p. iii)