Référence bibliographique [4947]
Clément, Marie-Ève. 2003. «Liens intergénérationnels et conduites parentales à caractère violent. Une enquête de population auprès des familles québécoises». Thèse de doctorat, Montréal, Université du Québec à Montréal, Département de psychologie.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
Article 1: « La présente étude a pour objectif d’examiner les données de l’enquête à la lumière des questions soulevées par la recension des écrits. Plus particulièrement, elle vise à comparer à la fois les attitudes et pratiques disciplinaires ainsi que les contextes actuels de vie des parents violentés durant l’enfance à ceux de parents ne rapportant aucune forme de violence dans leur enfance. » (p. 41)
Article 2: « The goal was to determine what factor best predicted group membership. We were particularly interested in investigating the role of mothers’ attitudes and experience of childhood violence as predictors of the type(s) of violence reported. » (84)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
Article 1: Études qui, depuis les 20 dernières années, ont documenté la présence de liens intergénérationnels dans le recours à la violence parentale de nature psychologique et physique.
Articles 1 et 2 : 2469 familles québécoises avec au moins un enfant âgé de 0 à 17 ans.
Instruments :
Articles 1 et 2 : Questionnaire d’enquête de 71 questions sur 4 thèmes : les attitudes parentales, les conduites parentales à caractère violent, les antécédents de violence vécue par les parents durant leur enfance et le niveau d’harmonie conjugale, et différentes variables socio-économiques. Le questionnaire est informatisé et rempli au téléphone avec la mère.
Type de traitement des données :
Article 1: Recension et analyse statistique
Article 2 : Analyse statistique
3. Résumé
« La présente thèse propose d’étudier, par le biais de deux articles soumis pour publication, la question de la transmission intergénérationnelle des conduites parentales à caractère violent à partir de données issues d’une enquête de population. Cette enquête est la première du genre au Québec. Elle a été réalisée en 1999 par la Direction Santé Québec de l’Institut de la Statistique du Québec (ISQ) auprès d’un échantillon représentatif de 2469 familles québécoises avec un enfant âgé de 0 à 17 ans (Clément, Bouchard, Jetté & Lafferrière, 2000). En plus de documenter pour la première fois la prévalence annuelle des conduites parentales à caractère violent de nature physique et psychologique, cette enquête a permis de documenter la présence de divers liens entre le recours à la violence et un certain nombre de variables individuelles, familiales et sociales.
Le premier chapitre de thèse (article 1) présente, dans un premier temps, une recension exhaustive des études réalisées depuis les vingt dernières années (1981-2001) concernant le rôle étiologique de la violence vécue dans l’enfance des parents sur leurs conduites parentales à caractère violent, leurs attitudes à l’égard de la discipline violente, et la présence de facteurs de risque contemporains. En deuxième partie, ce chapitre présente, à titre exploratoire, les résultats de l’enquête Santé Québec analysés à la lumière de la présente recension. Plusieurs manifestations intergénérationnelles de la violence parentale sont ainsi documentées. Plus particulièrement, les analyses indiquent la présence de liens intergénérationnels entre : (a) la forme de violence vécue dans l’enfance des mères (physique ou psychologique) et celle qu’elles déclarent dans la vie de leurs enfants; (b) la forme de violence vécue par les mères dans l’enfance et l’adhésion à certaines attitudes favorables à la discipline violente; et (c) entre le degré de violence vécue par les mères dans l’enfance et leurs situations familiales actuelles. Les résultats sont interprétés à la lumière de divers modèles théoriques et certaines hypothèses sont soulevées quant aux mécanismes potentiels sous-jacents à la transmission intergénérationnelle.
Le second chapitre (article 2) pousse plus loin l’analyse des données de l’enquête Santé Québec. De façon générale, l’étude vise à prédire la présence d’une seule forme versus la présence combinée du recours aux trois formes de conduites parentales à caractère violent (agression psychologique, violence physique mineur et violence physique sévère). Elle s’intéresse plus particulièrement à connaître la valeur de la violence vécue par la mère dans son enfance et des attitudes parentales favorables à la discipline violente pour prédire l’appartenance aux cinq groupes suivants : (a) aucune forme de violence déclarée; (b) déclaration du recours à l’agression psychologique comme forme unique; (c) déclaration du recours à la violence physique mineure comme forme unique; (d) déclaration du recours concomitant à l’agression psychologique et à la violence physique mineure; (e) déclaration du recours concomitant à l’agression psychologique, à la violence physique mineure et à la violence physique sévère. Les analyses de variances ont d’abord démontré que les variables suivantes permettent de différencier les groupes : l’âge et le sexe de l’enfant, l’âge de la mère à la naissance de l’enfant, le statut d’emploi de la mère, le niveau d’harmonie conjugale et le nombre d’enfants dans la famille. Une analyse discriminante a ensuite montré que les groupes se distinguent plus particulièrement selon la présence ou non d’attitudes parentales favorables à la discipline violente et la présence ou non de violence vécue dans la famille. [...]
En conclusion, la présente thèse nous éclaire sur diverses manifestations intergénérationnelles de la violence à l’endroit des enfants et soulève des hypothèses quant aux mécanismes sous-jacents à sa transmission. Elle pose ainsi un regard différent sur un phénomène connu mais encore peu étudié dans la population. » (p. ix)
Note: l’article 1 de la présente thèse a été publié dans la Revue de Psychoéducation, vol 32(1), 49-77.