Référence bibliographique [4720]
Lévesque, Nicolas. 2003. «Le deuil impossible nécessaire : essais de psychanalyse sur la perte, la mémoire et la culture». Thèse de doctorat, Montréal, Université de Montréal, Département de psychologie.
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Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
Remettre en question la conception traditionnelle du processus de résolution du deuil et offrir, sous forme d’essai, une nouvelle conception psychanalytique du deuil.
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
Textes, provenant de divers champs d’étude dont la psychanalyse, la littérature et la philosophie, traitant du deuil.
Type de traitement des données :
Essai
3. Résumé
« Le ’processus’, l’’évolution’, le ’déroulement’ normal du deuil, le détachement ’progressif’ de l’objet d’attachement, voilà autant de formules d’usage qui suggèrent que le deuil puisse être mené, d’étape en étape, jusqu’au terme de son accomplissement. La fin (à prendre ici dans les deux sens) du deuil coïnciderait, de ce point de vue, avec une sorte d’idéologie du progrès qui laisse miroiter l’utopie d’un au-delà du deuil, c’est-à-dire un lieu privilégié, non conflictuel, quel que soit le nom (détachement, désinvestissement, désillusion, réparation, acceptation, adaptation, intériorisation) sous lequel on désigne cette tension vers une issue, vers un dernier mot, vers un achèvement. Cette conception est, au départ, source de bien des malentendus. La psychanalyse nous ayant appris que le refoulement est soumis à la loi du retour, que le désinvestissement entraîne invariablement un contre-investissement et que l’expérience de la perte donne lieu à la recherche inlassable d’un substitut, peut-on donner crédit à l’idée d’un deuil achevé?
Le deuil est plutôt une question d’avenir, la question même de la transmission, du legs et de l’héritage. Comment accueillir en soi l’autre, l’étranger, sans vivre cette hospitalité sous la forme d’une contamination, d’une persécution ou d’un morcellement? Tous les enjeux, individuels et collectifs, reliés à cette frontière identitaire (entre le moi et l’autre, l’intérieur et l’extérieur, les vivants et les morts, nous et eux, le normal et le pathologique, etc.) se trouvent, en fait, mis à découvert par l’expérience de la perte.
L’enjeu paradoxal du deuil, soit l’impossibilité et la nécessité de remplacer l’objet perdu, renvoie à l’enjeu qui mobilise toute la mémoire, en tant qu’inscription et effacement, substitution et perte. Cet essai tentera de poser les jalons d’une autre conception du deuil, en vertu de laquelle il ne s’offrirait plus seulement à la réflexion en tant qu’événement, mais aussi, plus fondamentalement, en tant qu’il structure déjà l’inconscient. Car, même si elle semble toujours survenir à l’improviste, la mort - ou plus généralement la perte de l’autre- habite et structure d’ores et déjà notre mémoire. » (p. i)