1. Objectifs

Intentions :
« Nous visons quatre objectifs spécifiques :
1) savoir si et comment le groupe cible se distingue d’autres jeunes en difficulté qui n’ont pas connu des périodes d’itinérance;
2) mieux connaître le phénomène de l’itinérance ’cachée’ en questionnant la spécificité par rapport à celle plus ’visiblible’ qui est l’objet de la majorité des études;
3) mettre au jour les différences de perception entre les parents et les jeunes concernant des dimensions de la vie familiale; et
4) évaluer l’importance du phénomène d’itinérance parmi les adolescents constituant la clientèle des centres jeunesse du Québec. » (p. 149)

2. Méthode

Échantillon/Matériau :
« Notre population d’étude est donc constituée d’une part, de 110 jeunes âgés entre 12 et 17 ans, ayant vécu des expériences SDF au cours de la dernière année (groupe ’cas’, et d’autre part, de 108 jeunes, du même âge, n’ayant pas vécu une telle expérience (groupe ’témoin’). » (p. 150)

Instruments :
- Diagnostic Interview Schedule for Children (Schaffer et al.; 1992);
- Family Assessment Device (Esptein et al., 1983);
- Index of Parental Attitude (Hudson; 1982);
- Conflict Tactics Scales (Straus; 1979);
- Alabama Parenting Questionnaire (Shelton et al.; 1996);
- Incest History Questionnaire;
- Child’s Perception of Interparental Conflict Scale (Grych, et al.; 1992);
- Indice de gravité de toxicomanie (Kennedy; 1991).
Type de traitement des données :
Analyse statistique

3. Résumé

« Objectif : Notre étude porte sur des jeunes mineurs pris en charge par des centres jeunesse du Québec. Certains ont fuit leur milieu familial en faisant appel à leur réseau social pour pallier leur situation d’instabilité résidentielle. Ils ont alors vécu en situation d’itinérance dite ’cachée’, ne dormant ni dans la rue, ni dans les refuges. Notre étude poursuit deux objectifs : 1) comparer les évaluations des jeunes et de leurs parents quant à certaines dimensions de leur vie familiale; 2) examiner un ensemble de caractéristiques (cliniques, familiales, personnelles) associées à cette forme d’itinérance courante chez les adolescents, mais rarement examinée.
Méthode : Nous comparons, par des analyses bivariées, le profil d’adolescents qui ont vécu des expériences d’itinérance et d’autres n’ayant pas connu une telle expérience. Les deux groupes sont appariés selon le sexe, l’âge et le lieu de provenance (urbain ou rural). Les données proviennent de l’évaluation des jeunes et de leurs parents quant à certaines caractéristiques familiales et des jeunes eux-mêmes concernant les dimensions cliniques et personnelles.
Résultats : Nos résultats montrent que 1) par rapport aux parents, les jeunes mentionnent un niveau plus élevé de violence parentale, de conflits familiaux et une moins bonne relation avec ceux-ci; 2) l’itinérance cachée chez ces jeunes est associée généralement aux mêmes facteurs de risque familiaux que ceux identifiées [sic] dans les études portant sur les jeunes de la rue; 3) contrairement à d’autres études comparatives, les jeunes itinérants ne diffèrent pas du groupe témoin quant à la prévalence du diagnostic de la dépression et quant au profil de consommation de drogues dures.
Discussion : Nos résultats sont similaires aux rares études qui ont utilisé un groupe témoin adéquat et des instruments diagnostics. Ainsi l’itinérance cachée, qui est associée aux mêmes types de facteurs à risque que l’itinérance visible, doit être considérée comme un phénomène préoccupant susceptible de produire les mêmes conséquences délétères pour la santé des jeunes. » (p. 149)