Étude comparative du deuil filial et de l’adaptation à long terme de jeunes adultes ayant perdu un parent par mort naturelle/accidentelle ou par suicide

Étude comparative du deuil filial et de l’adaptation à long terme de jeunes adultes ayant perdu un parent par mort naturelle/accidentelle ou par suicide

Étude comparative du deuil filial et de l’adaptation à long terme de jeunes adultes ayant perdu un parent par mort naturelle/accidentelle ou par suicide

Étude comparative du deuil filial et de l’adaptation à long terme de jeunes adultes ayant perdu un parent par mort naturelle/accidentelle ou par suicides

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Référence bibliographique [4363]

Corbeil, Sylvie. 2004. «Étude comparative du deuil filial et de l’adaptation à long terme de jeunes adultes ayant perdu un parent par mort naturelle/accidentelle ou par suicide». Thèse de doctorat, Montréal, Université de Montréal, Département de psychologie.

Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
« La présente recherche étudie le processus de deuil filial à la période de vie jeune adulte. Elle poursuit aussi comme objectif d’analyser de façon comparative le deuil par suicide et le deuil suite à la mort naturelle ou accidentelle. Enfin, elle cherche à cerner l’adaptation à long terme de ces endeuillés et les effets du deuil sur la personnalité. » (p. III)

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
« La méthodologie prévoit un groupe contrôle composé de 35 jeunes adultes âgés de 18 à 40 ans, qui n’ont pas vécu de pertes parentales au cours de leur vie. […] Un groupe expérimental est constitué de 26 jeunes dont un parent est décédé de façon naturelle ou accidentelle. Enfin, 11 survivants au suicide d’un parent forment le second groupe expérimental. » (p. III)

Instruments :
- Échelle de Tessier (1985);
- Grief Experience Questionnaire (GEQ; Barrett & Scott, 1989);
- Version française du Social Self-Esteem Inventory (Gauthier et al., 1981);
- Version française du Beck Depression Questionnaire (Gauthier et al., 1982);
- Version française et adaptée du 16 PF de Cattell (Chevrier, 1962);
- Version française, par l’auteur de cette étude, du State-Trait Anger Expression Inventory de Spielberger (1979);
- Version française et adaptée du Tennesse Self-Concept Scale (Toulouse, 1973).

Types de traitement des données :
Analyse statistique

3. Résumé


« Les résultats montrent que les sujets témoins ne se différencient pas des autres groupes sur le plan de l’estime de soi, de la culpabilité, de la colère et de la dépression. Leur plus jeune âge peut être un facteur explicatif. Il est aussi suggéré que le conflit concernant un choix de vie personnel porte les enjeux d’un deuil développemental vécu comme une déception narcissique et entraînant une désidéalisation des parents. L’intensité de la crise étant équivalente à l’intérieur de tous les groupes, il se peut que les endeuillés profitent des mécanismes réparateurs activés par le deuil. Il est possible qu’au sein du groupe contrôle, le parent soit davantage perçu comme entrave à la liberté que comme pôle attrayant d’identification. Comme les sujets témoins sont les seuls à ne pas manifester d’état dépressif clinique, il est supposé que le deuil filial puisse avoir un impact particulier qui ne s’est peut-être pas dévoilé étant donné les instruments de mesure choisis. Le groupe contrôle tend à se différencier des endeuillés par suicide quant au niveau de dépression et à l’intensité de la colère réprimée. Une hypothèse propose que les survivants d’un suicide sont aux prises avec la charge agressive générée par le suicide dont l’importance peut expliquer les états dépressifs qui tendent à être plus prononcés au sein de ce groupe. De plus, il semble possible que le caractère traumatique du suicide empêche le recours à l’idéalisation et à l’identification positive au disparu.
Les survivants d’un suicide se différencient du groupe en deuil par mort naturelle/accidentelle par l’intensité de leurs réactions de deuil de même que par un sentiment de rejet persistant. De plus, des tendances non significatives existent aux échelles de réactions uniques et de stigmatisation. Ces résultats portent à croire que le deuil par suicide comporte des particularités qui, sans être exubérantes sur le plan manifeste, imposent un travail psychique plus complexe. Il est suggéré que la charge traumatique du suicide retarde l’avancée dans le travail du deuil lequel ne serait entrepris que dans un second temps. La persistance du sentiment de rejet est analysée sous l’angle de la transmission des conflits narcissiques et du sentiment de culpabilité emprunté qui entravent l’espoir de réparation. On peut penser que le suicide d’un parent conflictualise le processus de séparation-individuation du jeune adulte.
Enfin, puisque les groupes sont comparables aux mesures des forces du moi, de la dépendance et du concept de soi, l’idée que le deuil occasionne des remaniements sur le plan de la personnalité ne peut être soutenue ici. » (pp. III-IV)