Référence bibliographique [3972]
Vatz Laaroussi, Michèle et Rachédi, Lilyane. 2004. «La résilience comme contribution sociale pour les jeunes et familles réfugiés ». Thèmes canadiens / Canadian Issues, vol. Avril, p. 48-52.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
Les auteures de cet article s’intéressent à « la résilience familiale et collective des jeunes et familles refugiés de plusieurs pays d’origine (les Kosovars, Colombiens, Irakiens, Afghans, ex-Yougoslaves et Africains des Grands Lacs). » (page non disponible)
Hypothèse :
« La résilience des réfugiés représente une force et une contribution pour la société d’accueil. » (page non disponible)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
Trois recherches menées au Québec par Vatz-Laaroussi et des collaborateurs
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
3. Résumé
« Cyrulnik (2003) insiste sur cette entraide ’étrange’ que les enfants peuvent s’apporter entre eux en parlant de ’pouvoir façonnant’ de ces enfants. Une autre composante de la résilience, c’est le rêve d’un avenir meilleur, et pour les réfugiés, il s’agit d’une véritable force pour se débattre, pour poétiser le réel. ’Lorsqu’on vit une détresse, la rêverie donne un espoir fou.’ (Cyrulnik, 2003). Ce rêve s’exprime tout au long de la trajectoire autour d’un projet familial porté par les parents d’abord et par les enfants ensuite. Sauver ses enfants, retrouver ses proches, bâtir un avenir ailleurs dans la sécurité représente les dimensions incontournables de ce projet familial qu’on chérit et qu’on se répète, durant la fuite, pendant les longues journées au camp de réfugiés, puis encore à l’arrivée au pays d’accueil : ’Ce qui a aidé, c’est la croyance en la famille. Moi et mon mari, on se connaît depuis 1972. On était toujours ensemble, on s’aimait beaucoup. On espérait se rejoindre n’importe où pourvu que ce soit une place sécuritaire pour la famille, pour nous et nos enfants.’
Enfin, il ne faut pas oublier d’autres vecteurs de résilience qui peuvent apparaître plus banals ou mineurs, mais qui représentent clairement des éléments auxquels les jeunes en particulier s’accrochent et qui les aident à vivre ’l’invivable’ L’école, l’espoir de la continuer, de la reprendre, est un de ces vecteurs souvent cités par les jeunes : ’Quand j’étais au Kosovo, on allait a l’école parallèle dans des maisons. Il fallait se cacher. Puis après, il n’y avait plus d’école. Et quand on s’est enfui, je pensais, enfin, je vais recommencer l’école. L’école est très importante pour moi et elle le sera jusqu’à la fin. Elle m’aidera dans la vie pour trouver le travail que je veux, dans ma vie familiale aussi, je pense la finir et faire une vie comme tout le monde...’ (garçon de 19 ans actuellement en secondaire trois). La musique et le sport sont deux autres de ces composantes : ’Je suis footballeur et c’est ma passion. Mon grand désir, pendant tout l’exil, c’était de continuer le football. C’est à ça que je rêvais...’ (garçon, 18 ans).
Ces produits de l’expérience de résilience permettent dès lors aux jeunes et familles réfugiés de s’insérer dans leur nouvelle société, mais aussi de s’y dessiner une place à part avec des valeurs de paix, d’entraide, de solidarité, d’unité familiale dont nos sociétés sont souvent privées. Plus encore, ils peuvent par cette expérience devenir des témoins de l’histoire internationale dans les nouveaux lieux qu’ils investissent. Dans les régions du Québec où nous avons mené nos recherches, ces réfugiés étaient parfois les premiers, en dehors des médias bien sûr, à faire entrer l’histoire et la géographie du monde dans les écoles, les milieux de travail ou les municipalités. C’est là un apport majeur à une société qui se veut ouverte au monde : ’J’aime bien parler de l’Albanie, du Kosovo pour les faire connaître, et maintenant, mes copains connaissent l’Albanie et le Kosovo. Même le professeur l’a nommé une fois quand elle expliquait des choses sur la Rome antique et à ce moment-là, on se sent bien. Mes copains, ils m’écoutent avec attention, ça leur paraît intéressant, mais ils connaissaient surtout à cause de la guerre.’ (garçon, 16 ans). » (résumé, p. 48)