1. Objectifs

Intentions :
« Nos résultats s’inscrivent dans le cadre d’une recherche qui avait pour objet de cerner trois dimensions des pratiques familiales de soins (le travail, les savoirs et les questions éthiques) et de relier ces pratiques quotidiennes à l’ensemble des relations qui, dans ce contexte, s’effectuent aussi bien avec le réseau familial qu’avec le système sociosanitaire. » (p. 200)

Questions/Hypothèses :
« [La] ’nouvelle’ famille pourra-t-elle relever les défis que lui imposent les restructurations de l’État quant aux soins à des proches malades, handicapés ou vieillissants? Le présent article essaie d’apporter une réponse à cette question en examinant le soutien et l’aide apportés par le réseau familial à la dyade formée de la personne aidante principale et de la personne aidée dans le contexte des soins familiaux. » (p. 200)

2. Méthode

Échantillon/Matériau :
« Le corpus de notre recherche provient d’entrevues effectuées en 1998 et 1999 auprès d’aidants principaux [...]. » (p. 203) « Au total, soixante personnes aidantes principales ont été rencontrées dans trois régions du Québec : une première, urbaine et pluriethnique, une seconde, urbaine à tendance monoethnique; et une troisième, en milieu rural. [...] Dans plus de huit cas sur dix (83 %), la personne aidante est une femme [...]. » (p. 204)

Instruments :
- Guide d’entretien en profondeur;
- « [Q]uestionnaire [portant] sur les caractéristiques sociodémographiques des personnes aidantes et aidées ainsi que sur les sociabilités et solidarités du réseau familial [...]. » (p. 203)

Type de traitement des données :
Analyse de contenu

3. Résumé

« Notre étude permet d’observer que si l’aidante principale dispense souvent seule les soins, le réseau familial assume aussi d’autres tâches, parfois essentielles, de façon variable et occasionnelle, ce qui d’ailleurs traduit la dimension plus élective des liens familiaux contemporains ainsi que le caractère pluriréférentiel des normes qui guident aujourd’hui le soutien familial autour des soins. Nous ne sommes pas surpris de constater que c’est la génération pivot (40-65 ans) dans sa composante féminine qui aide davantage; aussi avons-nous cherché à comprendre pourquoi les hommes semblent moins engagés. L’examen de la dimension et du fonctionnement des réseaux familiaux de notre corpus, en fonction des caractéristiques de la« nouvelle famille » issue des transformations des dernières décennies, permet de constater les limites réelles, pour le futur, de l’aide familiale aux proches dépendants. En raison de la baisse importante de la fécondité depuis les années ’70, les réseaux familiaux de la prochaine génération pivot correspondront aux réseaux à solidarité restreinte observés dans notre étude. D’autre part, l’instabilité des liens entre conjoints risque d’altérer le soutien conjugal, encore fort répandu dans la population actuellement âgée de plus de 65 ans. Enfin, l’investissement des femmes dans la vie professionnelle entraîne une conséquence majeure : il devient de moins en moins possible d’exiger un engagement systématique à temps plein dans le soin d’un proche. Le ’nouveau réseau familial’ de la prochaine génération ne pourra évidemment pas fournir à ses proches dépendants l’entraide qu’elle lui assure aujourd’hui. » (p. 199)

N.B. L’article fait également l’objet d’un chapitre (chapitre 6) dans le livre « Transformations sociales, genre et santé : perspectives critiques et comparatives », publié en 2003 par Les Presses de l’Université Laval sous la direction de Francine Saillant et de Manon Boulianne.