Référence bibliographique [3912]
Blais, Marguerite. 2005. «Variantes sur la culture sourde : Quêtes identitaires au cœur de la communication». Thèse de doctorat, Montréal, , Université du Québec à Montréal, Departement de communication.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
« Les enjeux communicationnels et identitaires des personnes sourdes, en ce qui touche leur langue gestuo visuelle et leur culture, ont motivé un projet de recherche qui nous tient à cœur. » (p. 3) « Nous allons étudier le développement d’une culture sourde comme voie alternative dans l’intégration sociale des sourds. Plus spécifiquement, notre recherche servira à : 1) identifier, à partir des éléments dégagés par de Gaulejac, Taboadoa Léonetti, Bergier et Cyrulnick, les composantes critiques de l’intégration sociale et culturelle d’individus sourds; les obstacles de parcours : discrimination, exclusion et catégorisation sociale; les stratégies de réponse adaptative; 2) dégager, à partir de cas étudiés et d’observations, des indices sur les orientations culturelles, individuelles et collectives des sourds face à la culture communicationnelle dominante de sociétés hypermodernes d’information. » (p. 100)
Questions/Hypothèses :
« Comment situer l’émancipation des sourds dans nos sociétés hypermodernes? Quelle est la place de la culture et de l’action culturelle dans le développement social? Comment intervient l’action culturelle dans une perspective communicationnelle? » (p. 44)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
17 adultes et jeunes adultes sourds, 8 hommes et 9 femmes, âgés entre 21 et 35 ans, ainsi qu’une dizaine d’entendants en relation avec ceux-ci (parents, collègues étudiants, interprètes, etc.) pour complément d’information.
Instruments :
Guide d’entretien semi-directif de type « récit de vie », et grille d’observation participante
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
3. Résumé
« La présente thèse analyse le résultat de 17 parcours de vie de sourds — oralistes ou gestuels, malentendants, devenus sourds, implantés — issus de parents entendants ou de parents sourds. Fortement scolarisés, ils forment une nouvelle cohorte au sein de la communauté sourde francophone de la région de Montréal. À l’aide de leurs récits de vie, obtenus dans un cadre d’entrevues semi-directives, nous étudions leurs stratégies identitaires et leurs processus d’émancipation, par l’analyse de thèmes comme : la prise de conscience de la surdité; les relations familiales; les rapports avec les différentes institutions d’enseignement, les liens qu’ils entretiennent avec le corps médical; la participation aux activités de loisirs; les relations amicales et amoureuses; l’insertion sur le marché du travail ou les perspectives d’emploi. Nous examinons également les stratégies d’inclusion et d’autoexclusion des sourds en situation de discrimination, d’exclusion et de marginalisation, ainsi que les effets de la catégorisation sociale avec laquelle ils doivent composer. Nous nous interrogeons à savoir comment ces sourds fortement scolarisés ont été soutenus dans leur parcours personnel et professionnel par leur environnement social, c’est-à-dire leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs professeurs, leurs amis. Ces sourds ont-ils tous cheminé selon le modèle de la société dominante entendante? Comment les sourds gestuels se sont-ils intégrés dans les institutions scolaires ou sur le marché du travail? Nous constatons qu’une première voie s’offre aux sourds, celle de l’émancipation par le développement biomédical et l’intégration à la société entendante, avec tout ce que cela comporte de complexité, de difficultés d’adaptation et de rééducation. Dans ce contexte, l’implant cochléaire est perçu par certains comme un espoir de remplacement de cette cochlée défectueuse, l’espoir d’une intégration totale des sourds au sein de la société entendante dominante, au détriment de la valorisation de la culture et de la communauté sourdes. » (pp. ix-x)