Mariages et parcours migratoires : Juifs nés au Maroc et mariés à la Spanish and Portuguese Synagogue de Montréal (1969–1981)

Mariages et parcours migratoires : Juifs nés au Maroc et mariés à la Spanish and Portuguese Synagogue de Montréal (1969–1981)

Mariages et parcours migratoires : Juifs nés au Maroc et mariés à la Spanish and Portuguese Synagogue de Montréal (1969–1981)

Mariages et parcours migratoires : Juifs nés au Maroc et mariés à la Spanish and Portuguese Synagogue de Montréal (1969–1981)s

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Référence bibliographique [295]

Cohen, Yolande et Guerry, Linda. 2011. «Mariages et parcours migratoires : Juifs nés au Maroc et mariés à la Spanish and Portuguese Synagogue de Montréal (1969–1981) ». Sciences religieuses / Studies in Religion, vol. 40, no 3, p. 293-317.

Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
«Nous présenterons dans cet article les résultats d’une enquête que nous menons sur les immigrants juifs nés au Maroc, en particulier les configurations de leurs relations matrimoniales à un moment donné de leur parcours par l’analyse de dossiers de publication des bans d’une synagogue montréalaise de 1969 à 1981.» (p. 294)

Questions/Hypothèses :
«Les questions abordées dans ce texte croisent des problématiques débattues dans l’historiographie des migrations, des pratiques matrimoniales et de la diaspora juive : comment les pratiques migratoires et matrimoniales interagissent-elles dans des contextes et des lieux particuliers ? Les migrations jouent-elles sur les rapports de genre ? L’analyse de la pratique matrimoniale peut-elle éclairer la question de l’intégration des immigrants juifs marocains à Montréal ?» (p. 294)

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
«La recherche présentée dans cet article, qui se concentre sur l’expérience migrante en étant attentive au genre, s’appuie sur des sources relatives à des mariages célébrés essentiellement par le rabbin Howard Joseph de la Spanish and Portuguese Synagogue (SPS) à Montréal de 1969 à 1981.» (p. 297) «Pour la période 1969–1981, les archives de la synagogue comptent 740 dossiers classés par ordre alphabétique du nom de l’époux.» (p. 298)

Type de traitement des données :
Analyse statistique

3. Résumé


Selon les auteures, «[…] il faut noter la diversité et la complexité des parcours dans l’immigration juive marocaine. Comme de nombreuses migrations post-coloniales […] les Juifs d’origine marocaine passent par de nombreux pays avant d’arriver à Montréal. […] Ensuite, on a pu voir que les rapports de genre traditionnels sont transformés par l’émigration. Ainsi, le mariage apparaît comme un motif d’immigration pour les femmes […]. Peut-être celui-ci leur permet-il de pouvoir partir de chez elles et ainsi s’émanciper de leur famille et de la tutelle patriarcale qui s’exerce davantage sur elles au Maroc qu’à Montréal ? Dans les couples qu’elles forment, les femmes nées au Maroc ont majoritairement un niveau d’éducation égal ou supérieur à celui de leur conjoint, que celui-ci soit né au Maroc ou au Canada. Pour ce qui concerne les hommes (cas plus fréquent), mais aussi les femmes (21 mariages avec un converti), ils optent facilement pour le mariage avec une non-juive ou un non-juif qui se convertit. [L]’exogamie religieuse se traduit souvent par un mariage avec une fiancée plus éduquée qui peut signifier une perte de statut de dominant pour les fiancés. Alors que la conversion de la fiancée non juive devrait leur assurer le maintien de leur domination, ils ne peuvent l’exercer de la même façon qu’au Maroc. Ainsi on constate une certaine érosion des normes de genre expérimentée par les immigrants, où les hommes comme les femmes doivent se repositionner rapidement pour assurer de nouveaux rôles sociaux. L’immigration dans un nouveau pays permet en effet des pratiques matrimoniales inédites qui offrent de nouvelles configurations des rapports de genre.» (p. 312)