Pourquoi le programme québécois « Agir tôt » est-il controversé ?

Pourquoi le programme québécois « Agir tôt » est-il controversé ?

Pourquoi le programme québécois « Agir tôt » est-il controversé ?

Pourquoi le programme québécois « Agir tôt » est-il controversé ?s

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Référence bibliographique [22493]

Parazelli, Michel, Auclair, David et Brault, Marie-Christine. 2021. «Pourquoi le programme québécois « Agir tôt » est-il controversé ? ». Enfances, Familles, Générations, no 38, p. 1-23.

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Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
Dans cette étude, les auteurs ont «répondu à la question posée en titre d’article, en mettant en lumière de façon critique un certain nombre d’enjeux faisant l’objet de controverses entourant les fondements théoriques et idéologiques du programme Agir tôt.» (p. 15) «Ce programme vise à soutenir les familles ayant des enfants de 0-5 ans faisant partie de ceux considérés comme étant vulnérables [...].» (p. 13)

Questions/Hypothèses :
Les auteurs émettent l’hypothèse que le programme Agir tôt est un exemple de «visée politique qui recourt à la prévention précoce et à l’inclusion pour imposer une logique controversée de rendement sur l’investissement appliquée au capital humain.» (p. 2)

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
Les auteurs ont «retracé un fil historique du développement de la prévention prédictive au Québec autant dans le domaine des services sociaux que dans celui de l’éducation à partir d’une revue de littérature des principales politiques et programmes ayant pu influencer la tendance actuelle et les enjeux associés. [Pour ce faire, ils ont] examiné les assises théoriques et idéologiques dans les textes décrivant les mécanismes de l’IMDPE [Instrument de mesure de développement de la petite enfance] (Offord Centrer for Child Studies, 2021a; Institut de la statistique du Québec, 2017; Janus et Offord, 2007) et le programme Agir tôt (MSSS, 2021).» (p. 2)

Type de traitement des données :
Réflexion critique

3. Résumé


Le premier enjeu qui ressort de l’analyse des auteurs «conteste le recours aux données probantes pour légitimer le programme. Les données probantes ne sont pas des faits purement objectifs qui naturalisent la production des connaissances du développement de l’enfant. […] Le deuxième enjeu d’importance dénonce la conception de l’éducation réduite à une marchandise utile pour optimiser le développement du capital humain dans une perspective de rendement sur l’investissement tel que préconisé par la perspective de l’investissement social. […] Le troisième enjeu réside dans le fait de réduire la perspective d’inclusion scolaire à une visée d’adaptation normalisée de l’individu aux exigences institutionnelles. Les individus ciblés sont davantage ceux issus des groupes les plus marginalisés, ce qui ne fait que reproduire les inégalités sociales et scolaires. En occultant le développement grandissant des écarts entre les classes sociales et les groupes sociaux en général, l’égalité des chances, en disant soutenir les enfants dans leur capacité d’adaptation aux exigences de la société néolibérale, cautionnerait et renforcerait l’inégalité considérée comme juste. […] En dépistant les enfants à risque dès la prématernelle dans cette perspective d’adaptation individuelle aux exigences de la société néolibérale, on tend non seulement à cautionner les inégalités, mais à stigmatiser les enfants et leur famille étiquetés vulnérables.» (p. 15)