1. Objectifs

Intentions :
Cet article vise à analyser les commentaires d’internautes sous une publication au sujet de l’alimentation des nourrissons dans le cadre d’un partenariat rémunéré entre une entreprise et une influenceuse sur les réseaux sociaux.

Questions/Hypothèses :
L’étude tente de répondre aux questions suivantes: «[d]ans un contexte québécois où l’allaitement est par ailleurs recommandé par les autorités de santé publique, comment ce type de partenariat rémunéré […] est-il accueilli par les abonnées et les consommatrices des pages Facebook et Instagram de l’entreprise[?] Quelles sont les voix qui émergent autour de l’alimentation des nourrissons à travers les commentaires des utilisatrices[?] Comment les voix de ces femmes s’entrecroisent et s’entrechoquent, se répondent/s’opposent/s’unissent-elles? Enfin, que nous disent ces arguments sur les normes entourant l’alimentation des nourrissons?» (p. 2)

2. Méthode

Échantillon/Matériau :
«Cet article porte sur les réactions exprimées par les internautes sur les plateformes Facebook et Instagram à la suite de la publication d’un billet de blogue par l’influenceuse québécoise Marilou Bourdon sur son site Trois fois par jour […]. Cette publication intitulée “Nourrir son bébé sans culpabilité” (25 juin 2019) a été réalisée dans le cadre d’un partenariat rémunéré avec l’entreprise Enfamil Canada. […] Le billet publié est accompagné d’une photographie de Marilou Bourdon tenant sa fille dans les bras. [Il] mentionne notamment les difficultés d’allaitement rencontrées par la blogueuse, sa philosophie en matière d’alimentation, l’importance de la liberté de choisir des mères ainsi que les raisons qui l’ont mené à utiliser des préparations pour nourrissons. [Plus particulièrement, le corpus étudié] comprend 740 commentaires, soit 536 commentaires collectés manuellement sur Facebook et 204 sur Instagram.» (p. 3)

Type de traitement des données :
Réflexion critique
Analyse de contenu

3. Résumé

L’analyse a permis de rendre compte de différentes voix autour de l’alimentation des nourrissons chez les utilisatrices. «Ces voix - celles du “mécontentement ou de la contestation”, de “l’expérience” ou de l’“approbation” - , qui coexistent sous une même publication, laissent entrevoir certains enjeux relatifs aux normes en matière d’alimentation des nourrissons en contexte québécois. On remarque ainsi que les voix du “mécontentement ou de la contestation” s’appuient principalement sur des arguments autour du caractère légal du partenariat rémunéré et de la gestion transparente d’une communauté en ligne. […] Ces utilisatrices font entendre leurs voix pour dénoncer une pratique qu’elles jugent “déloyale” et nocive puisqu’elles causent du tort à la santé des nourrissons et des mères. Par le fait même, ces voix participent au renforcement des normes existantes en matière d’alimentation des nourrissons en argumentant qu’il est préférable d’allaiter (6 mois exclusif) plutôt que nourrir à l’aide de préparations; et qu’il faut interdire la commercialisation et la publicité […] de ce type de produit. […] Toutefois, ces voix engagées sont notamment contestées par d’autres femmes qui affirment que le témoignage de Marilou Bourdon a favorisé leur prise de parole sur leurs expériences de nourrir à l’aide des préparations dans une société qui fait la promotion de l’allaitement, ou qui considèrent que les “contestataires” ne présentent qu’un seul côté de la médaille.» (p. 10)