Référence bibliographique [21317]
Lacroix, Isabelle, Vargas Diaz, Rosita, Leclair-Mallette, Isabelle-Ann, Goyette, Martin et Frechon, Isabelle. 2020. Jeunes sortant du système de protection de l’enfance en France et au Québec. Faire face aux difficultés de transition vers la vie adulte via une association d’entraide. Rapport de recherche. Paris (France): Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), Observatoire de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative.
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Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions :
«La recherche menée vise à décrire et à comprendre les processus et facteurs d’engagement des jeunes dans plusieurs organisations de “placés” et d’anciens “placés” par les services de protection de l’enfance au Québec et en France lors de leur transition vers la vie adulte.» (p. 5)
Questions/Hypothèses :
Le document vise à répondre aux questions suivantes: «[c]omment et pourquoi ces jeunes sortant de placement sont-ils amenés à s’engager dans des organisations d’entraide? Qu’est-ce qui favorise une telle action collective? Quel est le profil des jeunes qui s’engagent dans ce type de structures? Comment ces formes collectives d’engagement peuvent-elles les soutenir dans leur processus d’autonomisation vers la vie adulte? Quels sont les registres d’action collective et les discours qui sont mobilisés pour défendre la cause des jeunes placés et ex-placés?» (p. 8-9)
2. Méthode
Échantillon/Matériau :
«Entre 2015 et 2019, [les auteurs ont] réalisé 20 entretiens auprès de jeunes Québécois, âgés entre 16 et 35 ans, et 23 jeunes Français, âgés de 21 à 32 ans, tous impliqués à différents niveaux dans des associations d’anciens placés dans le cadre d’une mesure de protection de l’enfance. Des mineurs québécois encore placés ont été interviewés car l’entrée dans l’association d’entraide peut se faire dès 16 ans.» (p. 14) «Au Québec, les jeunes proviennent principalement de deux organismes d’entraide des personnes sortant de placement: le Réseau intersection Québec (RIQ), établi dans la ville de Québec, et le Centre amitié, ressources et entraide pour la jeunesse (CARE Jeunesse), basé à Montréal, mais aussi d’un groupe formé via un comité consultatif de recherche sur le devenir des jeunes placé(e)s, le comité Étude sur le devenir des jeunes placés (EDJeP). En France, les jeunes proviennent de huit associations départementales d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance (ADEPAPE) parmi les 76 existantes.» (p. 5-6)
Instruments :
Guide d’entretien semi-directif
Type de traitement des données :
Analyse de contenu
3. Résumé
Les résultats révèlent que les «associations d’entraide permettent d’appréhender la façon dont les usagers des politiques sociales tentent de trouver de nouvelles voies d’émancipation, notamment de trouver un espace d’affiliation qui puisse jouer le rôle de transition vers la vie adulte après le placement en l’absence d’une famille qui puisse jouer cette fonction et face au lâchage rapide des institutions de protection de l’enfance pour des jeunes ayant encore besoin d’être protégés.» (p. 77) Ainsi, le recours au terme «''famille'' pour qualifier l’association est récurrent, autant dans le terrain québécois que français. Cette sociabilité vécue dans l’engagement, à travers des repas, des sorties culturelles ou des réunions, permet aussi un certain réseautage qui peut aider, par exemple, à trouver un emploi, à trouver du monde lors d’un déménagement.» (p. 66) «En l’absence de socialisation à l’engagement au sein de leur famille, cette initiation au collectif doit être accompagnée et prodiguée dans l’ensemble des espaces de socialisation que traversent les jeunes. Sans cela, les jeunes ne se sentent pas autorisés à investir ces espaces d’engagement. Alors qu’on souligne l’importance actuelle de la famille et de l’école dans l’apprentissage de la citoyenneté des jeunes, de leur devenir de citoyen dans la société, l’espace du placement, qui est un des lieux de socialisation les plus importants pour le jeune placé, semble écarté de ce processus.» (p. 78)