Le capital érotique selon Catherine Hakim : quelle portée sociologique? Une mise à l’épreuve au regard d’une analyse intersectionnelle des sites de rencontres

Le capital érotique selon Catherine Hakim : quelle portée sociologique? Une mise à l’épreuve au regard d’une analyse intersectionnelle des sites de rencontres

Le capital érotique selon Catherine Hakim : quelle portée sociologique? Une mise à l’épreuve au regard d’une analyse intersectionnelle des sites de rencontres

Le capital érotique selon Catherine Hakim : quelle portée sociologique? Une mise à l’épreuve au regard d’une analyse intersectionnelle des sites de rencontress

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Référence bibliographique [21296]

Levayer, Adèle. 2019. «Le capital érotique selon Catherine Hakim : quelle portée sociologique? Une mise à l’épreuve au regard d’une analyse intersectionnelle des sites de rencontres ». Recherches Féministes, vol. 32, no 1, p. 71-88.

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Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
«Nous nous interrogeons sur les modalités de représentation de ce qui est érotique ainsi que sur les rapports de pouvoir qui structurent les définitions de l’érotique et des sexualités légitimes dans et par la culture populaire dominante. Dans notre analyse, nous examinons la pertinence et les limites du concept de capital érotique tel que le définit la sociologue Catherine Hakim (2010). Nous observons les représentations véhiculées par les sites de rencontres en concevant les représentations au sens de Stuart Hall (2007), c’est-à-dire à la fois comme la manière dont on imagine une réalité donnée et comme le potentiel constitutif des significations accordées à cette dernière.» (p. 71)

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
Cette recherche a été effectuée par le biais d’une observation de 95 sites de rencontres dont l’utilisation est possible au Québec. «Dans notre article, une grande part de l’observation relève d’une analyse visuelle. Celle-ci a consisté en une observation des photographies consultables sur les sites. […] Plus généralement, nous avons examiné les pages d’accueil des sites (texte, image, histoires de réussites (success stories), ainsi que leur fonctionnement (en nous créant des profils), procédant ainsi également à une démarche ethnographique dans l’espace social que constitue chaque site.» (p. 73)

Type de traitement des données :
Réflexion critique

3. Résumé


Par l’analyse de ces sites de rencontre, il est possible de remarquer que ceux-ci sont producteurs de dynamiques de pouvoir qui sont observables par les modèles de couple, de conjugalité et d’identités sexuelles qu’ils offrent. Ils sont particulièrement le reflet de rapports sociaux de genre, de classe, de race, d’ethnicité et d’âge. «Toutes les relations hétérosexuelles présentées sur les sites de rencontres se situent quelque part sur le continuum de l’échange économico-sexuel. […] Les sites généralistes, “sérieux”, vitrines de la relation romantique, présentent des femmes majoritairement blanches comme protagonistes de scénarios de relation amoureuse durable. [De leur côté,] les femmes racisées sont associées à des modèles de rencontre qui les présentent comme détentrices d’un capital unique, le capital érotique, qui leur est attribué de par leur catégorisation raciale. Les critères de désirabilité tels qu’ils sont censés constituer une source de pouvoir pour les femmes ont de fortes chances d’être définis sur ces sites par des hommes blancs […]. L’érotisation de l’ethnique conçu comme autre et l’exotisation des sexualités ethnicisées produisent des scripts sexuels et des scénarios de relations possibles très précis. La présomption d’hétérosexualité prédomine toujours, mais avec une exclusion du schème conjugal dominant (celui du couple “classique” visible sur les sites dits généralistes) pour les femmes racisées. Tandis que les femmes blanches peuvent être présentées comme jeunes professionnelles ou étudiantes, les femmes racisées doivent tirer leur pouvoir érotique presque uniquement de leurs caractéristiques ethniques et raciales.» (p. 84-85)