Gouverner la vie privée : l’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québec

Gouverner la vie privée : l’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québec

Gouverner la vie privée : l’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québec

Gouverner la vie privée : l’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québecs

| Ajouter

Référence bibliographique [21004]

Biland, Émilie. 2019. Gouverner la vie privée : l’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québec. Coll. «Gouvernement en question(s)». Lyon (France): ENS Éditions.

Accéder à la publication

Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
«[C]et ouvrage analyse la contribution de l’action publique visant les personnes séparées à la reproduction de l’ordre social – c’est-à-dire au système hiérarchisé de rapports sociaux, interdépendants et co-construits, de classe, de genre et de race […].» (p. 15) Plus particulièrement, cet ouvrage s’attardera à l’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québec.

Questions/Hypothèses :
L’auteur pose les questions suivantes: «comment expliquer [l]es ressemblances, dans des juridictions éloignées de plusieurs milliers de kilomètres, dotée chacune de son propre système juridique et de son propre corpus de normes juridiques, en l’absence d’institution internationale organisant leur rapprochement? Ensuite, peut-on effectivement conclure que les pratiques professionnelles et les expériences profanes convergent elles aussi?» (p. 21)

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
Les données utilisées dans ce livre reposent sur trois séries d’enquêtes qui ont eu lieu en France et au Québec. La première enquête a combiné «des observations d’audiences et de rendez-vous entre avocat.es et client.es, des entretiens avec des professionnel.les du droit, et une analyse qualitative des dossiers observés. Ces enquêtes se sont déroulées dans cinq tribunaux de grande instance (TGI) en France […] et dans trois districts de la Cour supérieure au Québec (Montréal, 2 millions d’habitant.es ; Québec, 560 000 ; Albanel, 5 000). […] La deuxième série d’investigations repose sur la constitution et/ou l’exploitation statistique de données judiciaires. […] Enfin, une dernière série d’enquêtes, combinant entretiens, étude documentaire et, en France, observation participante, permet d’étudier les débats et les réformes autour des pensions alimentaires qui ont eu lieu dans les deux pays depuis les années 1990.» (p. 23)

Instruments :
- Guides d’entretien
- Questionnaires

Type de traitement des données :
Analyse de contenu
Analyse statistique

3. Résumé


Cet ouvrage révèle qu’au «Québec, les inégalités de genre sont davantage prises en compte qu’en France, mais la différenciation fondée sur la classe est plus poussée. Ces différences sont sensibles dans les trois dimensions du gouvernement de la vie privée. La diversification des modes de traitement des séparations est plus marquée au Québec, débouchant sur une sélectivité socio-économique plus prégnante dans l’accès aux professionnel․les et aux procédures (chapitre 1). Au stade des interactions, la position sociale supérieure et le rôle institutionnel surplombant des juges québécois․es les placent, plus fréquemment que leurs homologues français․es, dans une relation distante aux justiciables. Celle-ci rend plus probable l’endossement de pratiques paternalistes (chapitre 2), mais elle les conduit à être plus sensibles à la condition des épouses d’hommes fortunés (chapitre 3). Sous l’angle des modes de vie, les appropriations de la norme de coparentalité sont contrastées, de nature symbolique en France, plus pratique au Québec (chapitre 4). Par conséquent, les inégalités de genre dans la prise en charge des enfants sont un peu moins prégnantes outre-Atlantique. L’articulation entre devoirs privés et responsabilités publiques nuance ce tableau: si les deux États font des familles monoparentales des cibles privilégiées de la redistribution publique, le gouvernement québécois donne la priorité aux transferts privés sur les prestations sociales, laissant les femmes défavorisées plus démunies là-bas qu’ici (chapitre 5).» (p. 21-22)