Intentions : «Cet article a pour objectif de faire apparaître les dimensions du temps, tant dans nos vies quotidiennes que dans le discours en psychothérapie, et de sensibiliser les intervenants à l’importance de son écoute attentive pour saisir davantage le vécu de chacun, tout comme dans les couples et les familles.» (p. 41)
2. Méthode
Échantillon/Matériau : Pour cette étude, l’auteure se base sur sa propre pratique. C’est notamment «[à] partir d’une vignette clinique d’un couple en psychothérapie d’orientation analytique [qu’elle] présente les divers aspects de la temporalité […].» (p. 41) «Ensemble depuis 15 ans, Bruno et Geneviève ont 4 enfants, tous âgés de moins de 10 ans. Le couple a amorcé une démarche de thérapie conjugale puis de séparation devant l’indifférence sentimentale confirmée de Geneviève depuis quelques semaines et sa décision de se retirer du lien conjugal.» (p. 42)
Type de traitement des données : Réflexion critique
3. Résumé
«La brève illustration de la dernière phase de la thérapie de Bruno et Geneviève démontre que chacun d’eux était devenu de plus en plus présent à soi et à ses besoins et désirs; ils reprenaient une place individuée et singulière dans l’alliance conjugale. Il ne leur aura pas été possible de se penser séparément psychiquement sans passer par la séparation physique et l’éclatement de la vie familiale. […] Le cadre théorico-clinique de la thérapie familiale et conjugale psychanalytique donne la possibilité de penser la souffrance des couples et des familles, au-delà des symptômes évidents, pour nommer ce qui leur est inconscient […]. Le lien thérapeutique et l’alliance créés visent à les accompagner pour découvrir non seulement leurs liens et leur vécu, dans une historicité, mais les aider à se donner le temps d’être curieux de soi, de ses proches et de ses ancêtres, voir ces derniers autrement ou les retrouver, faire les deuils et les passages nécessaires, refaçonner et transformer ce qu’il est maintenant possible de porter à sa conscience. Ce lien offre une opportunité de réélaboration et d’intégration dans le Moi de son histoire. C’est un pari sur le temps de l’avenir, l’inédit qu’il reste encore à inventer, ce qui est à créer par chacun, avec ses zones d’ombres et ses taches aveugles, avec ses besoins et ses désirs, face à soi-même et dans son lien avec les autres, dans leur lien intersubjectif.» (p. 51)