Intentions : Cet article se penche sur les pratiques successorales dans les familles de la Nouvelle-France. Il montre comment les habitants de la Nouvelle-France ont opéré un renversement dans les successions. En effet, à la place de diviser l’héritage entre tous les enfants, les parents ont opté pour la stratégie de favoriser un seul enfant.
2. Méthode
Échantillon/Matériau : Données documentaires diverses
Type de traitement des données : Réflexion critique
3. Résumé
«L’abandon de l’égalité successorale a été progressif, plus ou moins précoce d’un lieu à l’autre. Elle s’est faite principalement par le truchement des donations entre vifs, à l’initiative des parents […]. Ceux-ci choisirent en effet de favoriser un ou plusieurs héritiers, plus ou moins avec l’accord des autres cohéritiers, dans le dessein d’aider les garçons encore célibataires à s’établir, et d’obtenir en contrepartie des soins et un secours dans leur vieillesse […]. Cela s’est payé au prix d’un traitement différencié des enfants selon leur sexe, de l’installation d’un climat de méfiance au sein de la famille et par une forme de trahison de ce qui fondait la démarche coutumière, à savoir le respect d’usages collectivement définis […].» (p. 100) Du point de vue légal, les parents «y parviennent en s’appuyant sur les articles les plus dissonants de la coutume de Paris, les plus éloignés du vieux fonds égalitaire parisien, et sur le laisser-faire des autorités judiciaires. La structure judiciaire très simplifiée de la colonie et le recours massif aux arbitrages n’ont opposé aucune résistance sérieuse à cette évolution. Les pères de famille ont eu les coudées franches.» (p. 116)