Intentions : «Dans notre article ayant porté sur l’évolution des aspirations des familles entre 1959 et 1977, nous avions avancé la thèse du desserrement des contraintes sociales et économiques afin d’expliquer les profonds changements observés dans la typologie.» (p. 214)
Questions/Hypothèses : «Jusqu’à quel point les individus et les ménages ressentent-ils des entraves à leurs aspirations et à leurs projets d’avenir dans le contexte où les revenus d’un grand nombre d’entre eux sont sous pression, au point d’alimenter la montée des inquiétudes au sein des classes moyennes dans les sociétés développées?» (p. 203)
2. Méthode
Échantillon/Matériau : L’étude est basée sur trois échantillons provenant d’études différentes: l’enquête Tremblay-Fortin auprès des familles salariées (1959), une enquête menée par l’Office de la protection du consommateur (1977), et une étude (Représentations sociales des inégalités et de la pauvreté, 2013) réalisée par l’auteur de cet article auprès de 2727 Québécois et Québécoises.
Instruments : Questionnaires
Type de traitement des données : Analyse statistique
3. Résumé
«L’examen des données de trois enquêtes comparables menées au Québec en 1959, 1977 et 2013 permet la comparaison dans le temps des aspirations des familles. La hausse des revenus familiaux durant les Trente glorieuses et le desserrement considérable des contraintes sociales et économiques dans les années 1960 et 1970 avec l’avènement de l’État providence ont rendu possible l’extension notable des aspirations. Les choses ont changé par la suite dans les années 1980 et l’inquiétude a gagné bon nombre de familles, principalement de classes moyennes. La part des familles et des ménages, notamment ceux formés de personnes vivant seules, incapables de satisfaire leurs besoins de base et incapables d’entrer dans l’univers des aspirations, a augmenté. Cela s’explique par des causes exogènes (pressions à la baisse sur les revenus, hausse des inégalités notamment) mais aussi par des causes endogènes en lien avec les modes de vie (hausse de la vie en solitaire, divorce, etc.). Le sentiment d’exclusion risque de s’accentuer dans notre société dans les années à venir.» (p. 217)