Intentions : «Dans cet article, je discute de la manière dont la pratique de proximité du travail de rue s’insère dans l’environnement social des jeunes. Par environnement social, j’entends l’ensemble des rapports sociaux qui structurent le quotidien des jeunes et qui concernent tant leur proche entourage (la famille, les groupes de pairs) que les différentes institutions ou instances publiques avec lesquelles les jeunes sont censés être en contact (l’école, le marché de l’emploi, les services publics).» (p. 244)
2. Méthode
Échantillon/Matériau : L’échantillon compte 108 jeunes ayant accès aux services des travailleurs de rue dans le quartier Montréal-Nord. Pour compléter l’étude, l’auteur a aussi sondé en groupe «l’équipe des travailleurs de rue [et interviewé] d’autres membres du milieu communautaire (19 entretiens) et […] des jeunes du quartier (12 entretiens).» (p. 245)
Instruments : - Questionnaire (pour les jeunes) - Guide d’entretien de groupe (pour les travailleurs de rue) - Guides d’entretien semi-directif (pour les jeunes et pour les membres du communautaire)
Type de traitement des données : Analyse de contenu Analyse statistique
3. Résumé
Selon l’auteur, «la notion de rupture sociale est pertinente pour la description des rapports du jeune avec l’ordre institutionnel. Elle entraîne pourtant, pour les chercheurs, un certain risque de non-reconnaissance de l’ensemble des rapports sociaux qui structurent le quotidien des jeunes au niveau de leur proche entourage. En ce sens, les données présentées dans cette étude nous ont montré que le travail de rue ne s’exerce pas sur une masse sociale informe et déconnectée de la vie en société […], mais plutôt sur un ensemble de rapports actifs et multidimensionnels. Les rapports de genre, la famille, les rapports générationnels et le réseau social des jeunes sont des dimensions de la vie sociale à considérer à cet égard. En ce sens, la démarche de négociation qui est propre au travail de rue doit être pensée comme ayant dans le proche entourage des jeunes une place importante (et non seulement dans les rapports de ces derniers avec l’ordre institutionnel).» (p. 261) L’auteur remarque que «[l]e milieu familial, notamment l’attitude des parents, joue aussi un rôle important dans l’évolution du lien entre les jeunes et les travailleurs de rue. Selon les travailleurs de rue certains parents ou chefs de famille empêchent (par leur absence ou par leur manque de compréhension) les jeunes d’avancer dans leurs démarches. En revanche, dans d’autres cas, malgré des conditions de vie plutôt difficiles, les parents ou les chefs de famille agissent comme un support important.» (p. 258)