1. Objectifs

Intentions :
L’auteure observe, à travers les pages d’un quotidien québécois, la manière avec laquelle sont abordés les concepts de ‘modèle familial traditionnel canadien-français’ et de ‘modernité’ pour décrire l’identité féminine.

Questions/Hypothèses :
«Des études qui font maintenant figure de classiques dans cette historiographie, comme celles de Pierson (1986) ou d’Auger et Lamothe (1981), ont bien analysé l’articulation entre guerre et genre au Québec. À partir des éléments désormais bien documentés, on peut se questionner sur l’impact de ces transformations sur l’identité féminine: comment perçoit-on, dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale au Québec, l’évolution de cette identité? Dans ce contexte, que croit-on être une femme et comment s’imagine-t-on qu’elle devrait le devenir?»

2. Méthode

Échantillon/Matériau :
L’auteur utilise le contenu des pages féminines et de la section opinion du lectorat du quotidien L’Action catholique pour la période de 1939 à 1945.

Type de traitement des données :
Analyse de contenu
Réflexion critique

3. Résumé

«Somme toute, les lettres publiées […] reflètent toute l’importance de la notion du foyer et de la vie familiale dans l’identité féminine de l’époque. Nul ne remet cette idée en question et, même pour les partisans et partisanes de l’effort de guerre féminin, l’expérience de vie des femmes doit contribuer à la construction d’une identité s’articulant autour des rôles matrimoniaux. [L]a définition d’une femme modèle comprend sans aucun doute le sens du devoir, du patriotisme et de l’abnégation, afin d’accepter avec héroïsme les épreuves de la guerre, mais, pour plusieurs, c’est exclusivement au sein du foyer que ces qualités doivent être mises à profit. En d’autres mots, le modèle familial canadien-français doit demeurer intact malgré la nouvelle situation économique et politique. Les lecteurs et les lectrices vont même jusqu’à dire, devant les changements dans le comportement des jeunes filles, qu’il vaudrait mieux se sauver soi-même comme nation avant de penser à sauver les autres. […] De façon générale, toutefois, on croit que l’accroissement de la liberté féminine n’est pas une conséquence positive de la guerre, mais plutôt un changement concourant à détourner les femmes de leur véritable rôle.» (p. 39)