Gousse, Suzanne. 2013. Les couturières de Montréal au XVIIIe siècle. Québec: Septentrion.
Fiche synthèse
1. Objectifs
Intentions : L’auteure dresse un portrait des couturières montréalaises au XVIIIe siècle.
Questions/Hypothèses : «Quelles circonstances conduisaient à l’adoption du métier de couturière dans un contexte d’absence de communautés de métiers? D’où les couturières montréalaises venaient-elles et comment apprenaient-elles leur art? Quels étaient les rouages du métier? De quels réseaux faisaient-elles partie? Enfin puisque ces artisanes demeuraient mineures devant la loi lorsqu’elles se mariaient, leur participation au ‘marché’ accentuait-elle leur autonomie? On peut soupçonner que les parents et les maris ont eu un rôle à jouer dans cette marge de manœuvre à l’intérieur d’un système juridique qui permettait aux femmes dotées de talents et d’un certain niveau de fortune de faire des affaires.» (p. 26)
2. Méthode
Échantillon/Matériau : «Pour mon étude, j’ai utilisé principalement une série de livres de comptes d’un marchand de Montréal au XVIIIe siècle, mais aussi les archives civiles, notariales et judiciaires.» (p. 25-26) L’auteure analyse les sources premières disponibles pour 67 couturières et leur famille.
Type de traitement des données : Analyse de contenu Réflexion critique
3. Résumé
Les couturières «se fondaient dans la masse des artisans et des commerçants citadins. Mariées, mères de nombreux enfants, elles survivaient à leurs maris. […] Généralement, les femmes se mariaient dans leur paroisse d’origine alors que les époux pouvaient provenir d’autres endroits. Si les couples formés par les couturières se sont ‘canadianisés’, on ne peut pas vraiment affirmer qu’ils se soient ‘montréalisés’ avec le temps.» (p. 218-219) «Les comportements de sociabilité et de solidarité des couturières de toutes les générations à l’occasion des mariages et des baptêmes reflétaient une sorte d’endogamie de compérage. Les membres des familles élargies formaient la majorité des témoins, que ce soit lors de la signature du contrat ou lors de la célébration du mariage à l’église. Une forte proportion de parrains et de marraines faisaient partie de la famille étendue des deux époux.» (p. 224-225) «Les couturières de chaque génération étaient présentes dans les archives notariales dans des proportions variées. Toutes sortes d’actes les concernaient, seules ou en couple, même après l’exclusion des contrats regardant uniquement la pratique du mari et celle des transactions immobilières conclues avant le mariage par ce dernier. […] Il arrivait que les femmes mandatent un tiers, parfois seules, parfois avec leur mari, pour régler des affaires en leur nom.» (p. 229-230) Bref, l’auteure cumule plusieurs preuves afin de montrer que les couturières jouissaient d’une plus grande autonomie au sein de leur couple pour l’époque en raison de leurs activités commerciales.