Les médecins québécois francophones et l’allaitement, 1900-1970: un discours à la fois autoritaire et ambigu

Les médecins québécois francophones et l’allaitement, 1900-1970: un discours à la fois autoritaire et ambigu

Les médecins québécois francophones et l’allaitement, 1900-1970: un discours à la fois autoritaire et ambigu

Les médecins québécois francophones et l’allaitement, 1900-1970: un discours à la fois autoritaire et ambigus

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Référence bibliographique [12539]

Baillargeon, Denyse. 2014. «Les médecins québécois francophones et l’allaitement, 1900-1970: un discours à la fois autoritaire et ambigu». Dans La promotion de l’allaitement au Québec : regards critiques , sous la dir. de Chantal Bayard et Chouinard, Catherine, p. 23-43. Montréal: Éditions du Remue-ménage.

Fiche synthèse

1. Objectifs


Intentions :
«Ce texte entend montrer que tout en se gargarisant de propos autoritaires et culpabilisants à l’égard des mères qui recouraient au biberon que des médecins qui toléraient, sinon encourageaient, cette pratique, l’élite médicale a elle-même accordé une très grande attention à ‘l’alimentation artificielle’ des nouveau-nés, selon l’expression consacrée, cultivant une certaine ambiguïté à l’égard du mode d’alimentation qu’elle privilégiait.» (p. 17)

2. Méthode


Échantillon/Matériau :
Le chapitre se base «sur l’analyse d’articles traitant de l’allaitement et de la lutte contre la mortalité infantile parus dans quatre revues médicales francophones entre 1900 et 1970». (p. 23-24) Ces revues se nomment : L’Action médical, Bulletin sanitaire, Bulletin de la Société d’hygiène préventive et L’Union médicale du Canada.

Type de traitement des données :
Analyse de contenu

3. Résumé


«Conçue comme le meilleur moyen de faire diminuer le nombre de décès d’enfants qui, à leurs yeux, menaçaient l’intégrité nationale, l’alimentation au sein est ainsi devenue synonyme de devoir patriotique auquel les mères ne pouvaient se soustraire. […] Si elle a été entreprise au nom de la sauvegarde de la nation, la lutte contre la mortalité infantile et son principal corollaire, la promotion de l’allaitement maternel, représentait en effet une belle occasion d’asseoir la légitimité de la profession médicale et d’accroitre son emprise sur la population féminine. Les médecins n’ont donc pas hésité à utiliser une rhétorique très autoritaire à l’égard des mères qu’ils disaient vouloir contraindre à l’allaitement pour sauver la vie de leur nouveau-né, mais dans la mesure où leurs objectifs nationalistes et professionnels pouvaient tout aussi bien être atteints dès lors qu’ils se posaient comme les experts de l’alimentation ‘artificielle’, ils ont souvent traité cette pratique comme une option valable, quand certaines conditions étaient remplies. La résistance des femmes à leurs exhortations explique très certainement qu’ils aient consacré beaucoup de temps à discourir sur les tenants et aboutissants de l’alimentation au biberon, mais en définitive, et comme ils l’admettaient eux-mêmes, un certain manque de conviction les habitait également. Plus encore que la promotion de l’allaitement, c’est l’affirmation de leur statut dans un contexte de crise démographique qui favorisait ce projet qui leur tenait à cœur.» (p. 42-43)