Ouellette, Françoise-Romaine et Saint-Pierre, Julie. 2011. «Parenté, citoyenneté et état civil des adoptés ». Enfances, Familles, Générations, no 14, p. 51-76.
Intentions : «Cet article porte sur la modification de l’état civil des enfants adoptés en tant que manifestation du pouvoir de l’État et du droit de définir l’identité civile des individus, leur parenté et leur citoyenneté.» (p. 51)
2. Méthode
Échantillon/Matériau : Les auteures utilisent des données documentaires diverses.
Type de traitement des données : Réflexion critique
3. Résumé
Dans cet article, «[l]’analyse des procédés juridico-administratifs qui redéfinissent l’identité des adoptés nous a permis de mettre ici en lumière les rapports d’interdépendance entre la filiation, la citoyenneté et l’état civil. Considérée dans cette perspective, le problème sociopolitique aujourd’hui posé par l’adoption n’est plus tant de mettre en cause la norme familiale dominante (dont l’hégémonie est très affaiblie), que celui de tenir compte des incidences du droit sur le sentiment d’identité des adoptés. Cela ne saurait se faire sans accepter de reconnaître que l’adoption s’inscrit dans la continuité d’une existence. Or, la légitimation de l’adoption plénière par la production d’un nouvel acte de naissance travaille en sens inverse: elle opère une stricte fermeture sur la seule parenté adoptive. On a vu que ce procédé rencontre sa limite en adoption internationale, puisque le transfert international de l’enfant ne se fait pas selon une logique de substitution et impose d’accueillir d’abord l’enfant sous son nom d’origine. Néanmoins, la force de notre modèle de filiation exclusive est si grande que cette discordance pourtant bien explicite n’est presque jamais commentée, comme s’il s’agissait d’un simple irritant bureaucratique. […] Cet enjeu identitaire invite aujourd’hui à repenser l’encadrement légal de l’adoption, mais aussi des nouvelles formes de parenté (procréations médicalement assistées, recompositions familiales, homoparentalités, etc.) de manière à autoriser l’accès des enfants concernés à la connaissance de leur propre histoire […].» (p. 71-72)